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Les + du blog : «PAPY PLOUF»

27 mai 2006 |

MARTIN VEYRON RÊVE D’ALAIN DELON
Vendredi matin, alors que le plan Villepin sur les mesures en faveur du troisième âge faisait les choux gras de la presse (12 millions de Français ont plus de soixante ans), l’équipe de Canal+ a eu la bonne idée d’inviter Martin Veyron pour parler de son Papy plouf *. Le papa de Bernard Lermite y trucide du vieux à la chaîne avec une bonne humeur qui fait plaisir à voir.
Papy Plouf VeyronExtraits de la rencontre.
« Le secteur du vieux est une mine et encore, ça ne fait que commencer, ce sera le vrai Eldorado. J’ai 55 ans, il me reste une (petite) vingtaine d’années avant d’être un vioque. Encore qu’on soit toujours le vioque de ceux qui ont cinq ans de moins que vous. Je fais partie du baby boom, je ferai partie du papy plouf.


« En fait la vieillesse commence dès qu’on ne peut plus courir, dès qu’on a des problèmes de santé. Je ne me moque pas des vieux, je me moque de la façon dont certains traitent les autres. Les vieux dont je parle sont aisés, égoïstes, odieux. Je montre des riches, des nouveaux riches qui puent, très antipathiques. Ainsi ce qui leur arrive ne fera verser de larmes à personne ! Il y a des gentils vieux, mais pas dans mon histoire.
« Je pense faire sourire les jeunes. Les vieux, eux, ne se lanceront jamais dans la lecture d’un tel album, donc je suis peinard. De toute façon personne ne se reconnaîtra dans ces vieux salauds ! Je montre une femme reliftée qui étouffe son mari, mais aussi une petite vieille qui n’a pas payé sa croisière. Elle est mignonne et gentille comme tout.
veyron_0.jpg « Je n’attaque pas les vieux, mais une catégorie sociale. La vie sur ce bateau est une métaphore de la société, on voit les égoïsmes qui créent des situations quasiment révolutionnaires. Les petits en ont marre de se faire maltraiter, d’être en plus mal payés, et d’avoir des dirigeants qui ne voient rien de ce qui se passe autour d’eux. Le commandant perd la boule, le second veut sa place… Tout ça ne vous rappelle rien ?
« Non, je n’aurais pas pu faire une histoire sur la canicule qui a tué des milliers de personnes âgées. On ne rigole pas avec ça.
« A l’origine de l’album, il y a une réflexion générale sur les vieux, sur le poids qu’ils font et feront peser sur la société, sur la colère qu’ils vont susciter. Ensuite, à moi de rendre cela drôle, amusant et assez improbable pour que ça ne fasse pas réaliste ! Pour cela je nourris l’histoire de tout ce qu’on peut entendre : les fonds de pension, le tsunami, les Indiens qui manquent de femmes… que des trucs dingues.
Martin Veyron.jpg « J’ai travaillé un an au Matin et le dessin de presse me manque. Surtout quand je vois ce que font Willem dans Libération ou Pétillon dans Le Canard enchaîné. C’est très excitant, mais c’est un exercice très périlleux, très dur.
« Le politiquement correct est plus de rigueur aujourd’hui qu’hier. La BD en souffre moins que la société en général. On ne peut que pleurer sur les libertés et surtout le manque d’humour. J’ai comme limites celles de ma connaissance, de ma pudeur. Ce qui me fait le plus de peine, c’est qu’on ne comprend plus les choses de la même manière. On a des sensibilités différentes et on s‘éloigne les uns des autres. Oui, cela me fait vachement de peine.
« Mon message ? Il n’y a pas de message. Mais il ne faut pas croire qu’auparavant on soignait les vieux tant que ça. Quand ils ne pouvaient plus travailler la terre, on les mettait à écosser les petits pois, et quand ils ne pouvaient plus écossais les petits pois, ils tombaient dans les escaliers. Les Inuits les envoyaient dehors dans le froid.
« On me signale que Papy Plouf ferait un bon film. Je ne vais pas dire le contraire. Vu le nombre d‘acteurs vieillissants, il serait possible de monter un joli casting. Je verrais bien Delon…»

Papy plouf par Martin Veyron, 13,90 euros, Albin Michel.

L’article illustré par Martin Veyron dans Le Nouvel Observateur de cette semaine est à lire sur le site du nouvelobs.com

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