Pour répondre aux attentes de ses supérieurs, Miku, qui travaille à l’accueil d’un grand magasin, doit se maquiller. Or, son petit ami le prend très mal. Elle rencontre alors une personne d’une grande beauté, au maquillage éclatant, qui n’est autre qu’un homme aimant porter des vêtements féminins. Ce dernier lui propose son aide et l’encourage à se maquiller selon ses envies, et non selon les attentes de son entourage, ni celles de son copain.

Le titre anglais utilisé pour la publication française, Make up with mud, se traduit par « se maquiller avec de la boue », tandis que la version japonaise peut être traduite par « enduire de boue le visage de quelqu’un ». Il est donc bien question de honte, d’humiliation et de saleté (comme notre expression française « traîner quelqu’un dans la boue ») dans ce manga, qui souligne l’idée par la couverture du premier tome, montrant l’héroïne s’appliquant du rouge à lèvres tandis qu’une main extérieure lui étale de la boue ou semble vouloir lui enlever le maquillage

Le premier chapitre de Make up with mud a fait parler de lui dès sa sortie numérique, car il aborde le harcèlement et l’emprise masculine. En effet, si les femmes (au Japon et ailleurs) restent soumises à une forte pression sociale et doivent souvent se maquiller mais sans jamais en faire « trop », l’idéal féminin au Japon reste encore très marqué par l’image de la femme kawaii, jeune et innocente. Heureusement, au fur et à mesure que ce manga avance, l’héroïne apprend à s’imposer, notamment grâce à son nouvel ami.

Ainsi, dès le départ, le cadre est accrocheur: le manga ne parle pas uniquement de maquillage et montre une femme qui n’ose pas contredire son compagnon car elle gagne moins d’argent que lui, et a peur de se retrouver seule et sans perspectives. Le dessin quant à lui paraît simple et épuré, mais les expressions des protagonistes sont réalistes, en particulier celles du regard du petit ami qui semble effrayant même avant qu’il ne parle. Enfin, en seulement quelques chapitres, les personnages principaux évoluent sans être incohérents à cause d’un scénario trop rapide. Une courte série – elle s’achève en huit tomes – aussi intéressante que percutante.

Noémie Sirat