Mister Morgen
Il y a cette ex-danseuse, qui vit recluse dans un zoo, coincée dans son délire mégalo. Il y a aussi cet employé au relevé des compteurs, trop poilu et trop faible. Et puis, il y a un écrivain, un scientifique amateur de trucage d’images, un dictateur à moustaches et des hordes de zombies cannibales. Des hommes et des ombres, errant dans une cité d’Europe de l’Est, sans âge ni raison.
Pas facile d’entrer dans Mister Morgen, somme de plus de 200 pages imaginée par le Croate Igor Hofbauer, dont c’est le premier livre en France. Ses histoires courtes, parfois entrecroisées, ne sont pas toujours totalement compréhensibles, à commencer par la première, Le Clou, composée comme un rêve absurde et glauque. Un peu hermétique, donc, l’album se laisse toutefois dompté au bout d’un moment, à moins que ce ne soit le lecteur qui se laisse hypnotiser. Car Hofbauer, tel un affichiste, est un maître dans les compositions de page, toujours cohérentes et intelligentes, lisibles et percutantes, notamment par l’usage réfléchi du noir et blanc et du rouge. On pense parfois au cinéma français ou italien des années 1960, entre Nouvelle Vague et Fellini, mais avec une âpreté en plus.
Alors, même s’il on reste un peu en dehors des visions tourmentées de l’auteur sur une Europe de l’Est qui ressasse son passé dictatorial, on ne peut qu’être frappé par certaines séquences puissantes, comme la mort de la danseuse prisonnière de sa folie, ou l’attaque de zombies dans le train. Une expérience remuante pour un livre atypique.
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