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René Pétillon nous emmène au paradis (fiscal)

21 décembre 2009 |

petillon_introIl est maladroit, incompétent et naïf. Le lunaire Jack Palmer, détective raté, revient dans Enquête au paradis. Son créateur, René Pétillon, en profite pour poursuivre sa dénonciation des abus financiers – déjà entamée via son travail pour Le Canard Enchaîné. Dans son appartement parisien, ce sexagénaire distingué raconte pourquoi il a choisi ce sujet, et détaille ses relations avec Jack Palmer.

petillon_impotsSix années s’étaient écoulées entre L’Enquête corse et L’Affaire du voile. Et seulement trois entre la dernière aventure de Jack Palmer et ce nouvel album. Pourquoi le remettre plus rapidement sur le devant de la scène ?
Je n’avais pas d’autre projet en cours. Entre L’Affaire du voile et Enquête au paradis, j’ai réalisé un livre avec Florence Cestac, et deux avec Jean-Marc Rochette. Ensuite, j’ai senti monter en moi et mûrir un sujet sur la finance, et j’ai rappelé Palmer.

Pourquoi vous intéresser aux paradis fiscaux ?
De par mon travail au Canard enchaîné, j’ai suivi de près les scandales financiers, dès qu’on a commencé à évoquer les subprimes. J’ai lu la presse, et me suis documenté sur Internet, en lisant des ouvrages sur le thème. Les paradis fiscaux sont pour moi les royaumes de l’hypocrisie. J’aime démonter ce type de sujet. Les vérités cachées – ou, dans ce cas, à peine voilées – se prêtent bien à l’enquête.

On trouve dans cette aventure des personnages très positifs, les parents de la promise du prince.
Oui, ils ne sont pas cyniques. Ils vivent un peu en dehors du monde, et sont scandalisés par la réalité qu’ils découvrent. Naïfs, ils servent de révélateurs en exigeant des réponses à leurs questions.

petillon_bourseJack Palmer, lui, est posé là et subit la situation…
C’est un figurant qui apparaît ponctuellement dans l’intrigue, à laquelle il sert de fil conducteur. Il est aussi le détonateur de l’histoire.

Pourquoi créer un asile de traders, où vous l’envoyez ?
Ces gens sont fous, ils mènent le monde à sa perte à cause de leur rapacité et leur vision à court terme. La spéculation n’apporte rien à la collectivité, c’est une activité parasite.

Pourquoi inventer un pays, le Bürgenzell, pour y situer l’action ?
Le Bürgenzell est un mélange du Lichtenstein, de la Suisse, de Monaco et du Luxembourg. Seulement, je ne peux citer aucun de ces endroits si je veux éviter les poursuites judiciaires. L’album accuse tout de même le prince de blanchir l’argent de la mafia…

N’êtes-vous jamais las de Jack Palmer ?
Non. J’aime beaucoup le dessiner et le mettre en scène, c’est ma récréation. Ce personnage me surprend toujours autant: je ne sais jamais comment il va réagir, ni ce qui le meut. Avec lui, tout est possible. C’est un martien fou, dont je n’ai jamais creusé la personnalité ni les motivations. Il est là pour provoquer le rire et faire avancer l’action – ou la ralentir par son incompétence pure. Palmer est un repère qui m’évite d’aller vers la BD reportage.

Pourquoi ne pas aborder ce genre ?
Il est formidable, j’y trouve mon compte en tant que lecteur. Mais, en tant qu’auteur, je lui trouve trop de contraintes. L’authenticité lui est indispensable, or j’aime les moments qui rejettent toute vraisemblance.

petillon_plainteComment travaillez-vous ?
Je crobarde d’abord sans me soucier de la qualité du dessin, pour raconter l’histoire. Ensuite, je passe à la réalisation en tant que telle, parfois laborieuse. Je passe en moyenne entre deux et quatre jours sur une planche. Un chiffre qui peut monter à quinze quand je ne « sens » pas une situation. Je déteste dessiner les cases de transition: j’en insère le moins possible dans mes pages, ou alors j’y mets des dialogues pour faire un peu avancer l’action.

Après plusieurs albums chez Albin Michel, dont le département BD a fermé, pourquoi revenir chez Dargaud ?
J’ai débuté dans Pilote, Dargaud est donc en quelque sorte ma maison. J’y ai des amis, je retourne aux sources. Les anciennes aventures de Jack Palmer sont, elles, rééditées par Glénat qui a racheté son fonds à Albin Michel.

En lisant la préface de L’Intégrale Corse – qui reprend trente ans de dessins pour Le Canard Enchaîné -, on apprend sous la plume d’Ariane Chemin que vous n’aviez mis les pieds en Corse qu’une fois avant de dessiner L’Enquête corse.
Oui, c’est tout à fait vrai. J’y étais allé un été comme touriste. J’ai préparé l’album à l’aide du guide Hachette. Depuis, je suis retourné plusieurs fois sur l’île, avec laquelle j’ai développé un rapport affectif. Mais cela ne m’a pas donné pour autant envie de donner une suite à L’Enquête corse, malgré son succès.

petillon_integrale_corse

Lisez-vous beaucoup de bandes dessinées?
Oui, j’adore ça. J’ai été soufflé par le dernier Tardi, et j’ai trouvé que Rébétiko de David Prudhomme était une pure merveille.

Quels sont vos projets?
Je vais penser à mon prochain Jack Palmer. Mais j’ai aussi envie d’un album burlesque, déconnant à pleins tubes, sans aucun souci de vraisemblance. Et puis j’ai toujours envie de travailler avec Jean-Marc Rochette. On rigole beaucoup ensemble.

Propos recueillis par Laurence Le Saux

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Enquête au paradis.
Par René Pétillon.
Dargaud, 13,50€ le 6 novembre 2009.
Achetez Enquête au paradis sur Amazon.fr

Jack Palmer : Enquêtes en série
Par René Pétillon.
Glénat, 19 €, le 18 novembre 2009.
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L’Intégrale Corse : 30 ans de dessins
Par René Pétillon.
Les Arènes/Glénat, 19,80€, le 17 septembre 2009.
Achetez L’Intégrale Corse sur Amazon.fr

Images © René Pétillon / Dargaud / Les Arènes – Photo © Rita Scaglia

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Commentaires

  1. Merci pour cette excellente interview qui nous permet d’en apprendre plus sur le célèbre créateur de Jack Palmier, euh Palmer pardon!! Je me souviens de ses débuts dans l’echo des sales vannes première formule et dans BD (l’hebdo du Square). A l’époque son trait etait bourré de détails, et plein de petits gags, un peu comme un Bill Elder à la française. Il a peu à peu simplifié son trait et son humour s’inspire de plus en plus de l’actualité.
    J’ai lu cet album qui m’a fait rire aux éclats, donc je ne peux qu’en conseiller la lecture aux jeunes lecteurs de BoDoi, cela leur fera au moins un bon livre dans l’année, plein de gags A SE TORDRE DE RIRE. Pétillon a inventé un petit paradis fiscal européen, qui ressemble un peu au Liechtenstein, à la Suisse, à l’Andorre et à Monaco. Secret bancaire inscrit dans la constitution, journalistes et photographes tenus à l’oeil, celui qui prend la photo d’un client entrant dans une banque risque la prison! Dommage que Pétillon ait fini l’album avant que Monsieur Woerth ne recupère la liste volée d’adresse!! Ehehehe!!!

  2. Merci pour cette excellente interview qui nous permet d’en apprendre plus sur le célèbre créateur de Jack Palmier, euh Palmer pardon!! Je me souviens de ses débuts dans l’echo des sales vannes première formule et dans BD (l’hebdo du Square). A l’époque son trait etait bourré de détails, et plein de petits gags, un peu comme un Bill Elder à la française. Il a peu à peu simplifié son trait et son humour s’inspire de plus en plus de l’actualité.
    J’ai lu cet album qui m’a fait rire aux éclats, donc je ne peux qu’en conseiller la lecture aux jeunes lecteurs de BoDoi, cela leur fera au moins un bon livre dans l’année, plein de gags A SE TORDRE DE RIRE. Pétillon a inventé un petit paradis fiscal européen, qui ressemble un peu au Liechtenstein, à la Suisse, à l’Andorre et à Monaco. Secret bancaire inscrit dans la constitution, journalistes et photographes tenus à l’oeil, celui qui prend la photo d’un client entrant dans une banque risque la prison! Dommage que Pétillon ait fini l’album avant que Monsieur Woerth ne recupère la liste volée d’adresse!! Ehehehe!!!

  3. Merci pour cette excellente interview qui nous permet d’en apprendre plus sur le célèbre créateur de Jack Palmier, euh Palmer pardon!! Je me souviens de ses débuts dans l’echo des sales vannes première formule et dans BD (l’hebdo du Square). A l’époque son trait etait bourré de détails, et plein de petits gags, un peu comme un Bill Elder à la française. Il a peu à peu simplifié son trait et son humour s’inspire de plus en plus de l’actualité.
    J’ai lu cet album qui m’a fait rire aux éclats, donc je ne peux qu’en conseiller la lecture aux jeunes lecteurs de BoDoi, cela leur fera au moins un bon livre dans l’année, plein de gags A SE TORDRE DE RIRE. Pétillon a inventé un petit paradis fiscal européen, qui ressemble un peu au Liechtenstein, à la Suisse, à l’Andorre et à Monaco. Secret bancaire inscrit dans la constitution, journalistes et photographes tenus à l’oeil, celui qui prend la photo d’un client entrant dans une banque risque la prison! Dommage que Pétillon ait fini l’album avant que Monsieur Woerth ne recupère la liste volée d’adresse!! Ehehehe!!!

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