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Sélection Comics – Coyotes

8 juin 2020 |

coyotes-couv La Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom sur Coyotes, fable viscérale qui fait littéralement de l’homme un loup pour la femme, avec ses héroïnes confrontées à d’impitoyables créatures faisant rimer mâle et mal absolu, dans un Mexique aux accents magiques. L’occasion de découvrir le travail d’une dessinatrice à suivre de près, Caitlin Yarsky, dont c’est la première BD. 

Un « coyote », dans l’argot américain, c’est un passeur, un profiteur qui organise contre de l’argent le transfert aux États-Unis des clandestins venus d’Amérique du Sud et d’Amérique Centrale. Sous la plume de Sean Lewis (The Few) et le crayon de Caitlin Yarsky, il devient allégorie de toutes les violences faites aux femmes, en particulier dans les zones aux mains des cartels sises à la frontière mexicaine.

coyotes-citeCoyotes se déroule dans la Cité des Filles Perdues, une bourgade sordide jonchée de charniers, et si jamais Ciudad Juarez n’est citée, la référence est limpide à cette ville à la frontière du Texas, tristement célèbre pour ses centaines de meurtres de femmes non-élucidés dans les années 1990 et 2000. Ici, une poignée de résistantes réfugiées dans une gare désaffectée et organisée autour de la Duchesse a décidé de prendre les armes contre ceux qui sèment la terreur dans les rues : les hommes, dans ce qu’ils ont de plus bestial. Des prédateurs, des monstres, littéralement transformés en loups affamés de chair fraîche. La jeune Rouge, féroce combattante qui a perdu sa grande sœur assassinée par ces « coyotes », rencontre l’agent fédéral US Coffey : ensemble, ils vont essayer de mettre fin à cette malédiction aux racines anciennes.

Comme souvent avec les fictions américaines qui se déroulent au Mexique, Coyotes n’échappe pas à certains clichés en adossant son intrigue à un folklore local renvoyé une fois de plus à l’iconographie baroque du Dia de los Muertos. Heureusement, l’illustratrice Caitlin Yarsky, venue du jeu vidéo, sait se hisser au-dessus de ce prémisse et donner fière allure à ses guerrières ainsi qu’à leurs adversaires à fourrure. Le script, soumis à un découpage abrupt qui fait parfois passer l’action du coq à l’âne, ne lui facilite pas toujours la tâche. Mais cette artiste new-yorkaise fait ici des débuts fracassants en bande dessinée, intrépide dans certaines de ses compositions auxquelles ne s’essaieraient pas des talents bien plus aguerris et redoutable dans la mise en scène des séquences d’action.

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Sean Lewis de son côté s’en sort bien pour tenir les promesses posées par cette histoire qui ne se dégonfle pas en cours de route et gagne au contraire en souffle au fil des pages, porté par une colère brute qui donne toute sa singularité à Coyotes. Le chaos qui s’abat sur les héroïnes prend, dans le deuxième tome, des proportions bibliques, mais c’est pour mieux faire résonner plus près de nous le silence et l’inaction adressés pour toute réponse, dans cette partie du monde et ailleurs, aux féminicides. La détermination de Rouge – Petit Chaperon habile au katana – et d’un cortège de mères-grands – tout sauf victimes – à refuser de se laisser dévorer toutes crues par le grand méchant loup, est communicative et donne à ce conte violent un tranchant ultra-contemporain.

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Coyotes #1-2 (récit complet)
Par Caitlin Yarsky et Sean Lewis.
HiComics, 17,90 €, T2 le 17 juin 2020.

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