Shin Zero #1



Voilà 20 ans que plus aucun Kaiju n’a pointé le bout de ses griffes au large du Japon. Dès lors, les Sentai, ces héros costumés qui ont longtemps lutté contre les lézards géants, n’ont plus guère d’utilité. Il en reste quelques-uns, cependant, et ils remplissent des missions de sécurité privée ou d’appui aux forces de l’ordre. Il s’agit souvent d’un job d’appoint, pour les étudiants ou les précaires inscrits sur une appli de type Uber, avec demandes d’intervention H24, étoiles et commentaires laissés par les usagers… On suit ici un petit groupe de ces « justiciers » des temps connectés : mais entre des étudiants cherchant leur autonomie et un nostalgique des heures glorieuses des Sentai, les ambitions et la prise de risque diffèrent…
On attendait beaucoup de l’association de Mathieu Bablet (Shangri-La, Carbone & Silicium) au scénario et Guillaume Singelin (P.T.S.D., Frontier...) au dessin, pour une série d’inspiration manga. Et le résultat est largement à la hauteur des espérances. D’abord car l’idée de départ d’interroger l’héroïsme d’hier à la lumière des dérives de notre société de services est futée, et la peinture qui est faite d’un monde ubérisé et précarisé à outrance est terriblement contemporaine. Ensuite, car les deux auteurs, s’ils s’appuient sur des personnages au parcours crédible, n’en oublient pas la dimension fantastique et spectaculaire de leur histoire, avec quelques séquences mémorables. Enfin, la patte graphique de Guillaume Singelin, qui assume un plus grand réalisme qu’à l’accoutumée, fait merveille dans ce petit format, où ses découpages énergiques, son sens du détail et sa précision de réalisation font merveille.
Ce premier tome, à la fois dense en informations et en action, et aux portraits de protagonistes poussés, est ainsi une entrée en matière idéale pour une trilogie singulière et ambitieuse, petit bonbon piquant pour les amateurs de pop culture.
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C’est LE manga du moment. Des auteurs à succès. Des thèmes modernes avec la pointe de rétro sentaï qui va bien et un graphisme original.
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