Ballades



Le prince Gourignot a mandé sa chevalière, la courageuse Gounelle, d’aller lui quérir une princesse coincée dans une tour. Sauf que, deux obstacles se dressent devant lui : d’une part, la princesse en question, si elle est OK pour aller prendre l’air, n’est guère motivée pour se marier à un gus qu’elle n’a jamais vu ; d’autre part, il vient d’être changé en grenouille ! Mais quand on est une infâme ordure, il en faut plus pour vous couper les pattes !
Pour son premier album de bande dessinée, l’illustratrice Camille Potte n’est pas passée inaperçue. Outre ses mérités prix à BD Colomiers et nomination à Angoulême (bonne candidate au Fauve Révélation), c’est surtout son style tonitruant qui attire les yeux et les oreilles. Graphiquement, elle propose une ligne élastique volontiers caricaturale, magnifiée par des couleurs tranchées qui évoquent les vieux magazines de BD jeunesse ou l’humour underground des 70’s du côté de chez Vaughn Bodé ou F’murrr. Pour le texte, c’est encore plus fort, avec une langue fleurie, mêlant joyeusement argot, tournures médiévales et orthographe pétillante : ses saynètes n’en sont que plus foutraques, irrévérencieuses, désopilantes. Ballades est donc bien plus qu’une parodie de conte de fée ou d’aventure moyenâgeuse : c’est un caillou tordu et tordant, un silex féministe bien pointu sans concession, envoyé à la force de la fronde à la face des ringards et des tristes-sires. Ça fait mal et ça fait rire : c’est une bonne nouvelle.
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