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Blacksad fête ses dix ans à La Nouvelle-Orléans

27 septembre 2010 |

blacksad_introDans L’Enfer, le silence, quatrième épisode très attendu de ses aventures, Blacksad enquête à La Nouvelle-Orléans. Avec une virtuosité jamais prise en défaut, le dessinateur Juanjo Guarnido et le scénariste Juan Diaz Canales nous replongent dans l’Amérique des années 50, via les activités de leur matou enquêteur. Leur série policière animalière fête ainsi sa première décennie en fanfare. L’occasion de cuisiner les auteurs espagnols – très honorablement francophones – au sujet de leur malin félin.

untitledComment est née cette quatrième aventure de Blacksad ?
Juan Diaz Canales :
L’idée nous en est venue pendant la tournée promotionnelle du précédent album, en 2005. L’envie d’emmener notre héros dans une autre ville que New York a surgi. Et, comme nous voulions axer le récit sur la musique, déjà bien présente dans la série, La Nouvelle-Orléans s’est imposée à nous – bien que nous ne l’ayions jamais visitée.
Juanjo Guarnido :
Nous avons tous deux le goût du jazz. Juan m’a fait découvrir Billie Holiday, par exemple. J’aime particulièrement le jazz classique. La couleur bleue liée au blues nous a donné l’ambiance de la couverture. Bien avant de savoir ce que Blacksad allait vivre, j’ai eu un flash : il se noyait dans du bleu.

untitledA travers le personnage de Weekly (une fouine journaliste raté), l’humour est ici plus présent que dans les autres enquêtes de Blacksad. Est-ce une nouvelle orientation que vous souhaitez donner à la série ?
J.G. : Dessiner Weekly me met en joie, il apporte une touche de fantaisie bienvenue. Mais il n’a pas vocation à devenir l’adjoint de Blacksad. Il agit juste comme un « sidekick » [le compagnon ou faire-valoir du héros] comique qu’il faut doser soigneusement.
J.D.C. : L’histoire de l’album précédent était plus politique, moins axée sur l’humain. Ici, ce que nous relatons est assez dramatique : il est question de drogue, d’une relation père-fils malheureuse, d’une femme enceinte abandonnée… Il fallait donc équilibrer les choses en ajoutant un peu de légèreté.

untitledBien qu’il donne son nom à la série, Blacksad révèle finalement peu de choses de lui au fil de ses péripéties…
J.D.C. : Lorsque je travaille sur Blacksad, je pense plus à la série qu’à son héros. C’est un moyen de nous exprimer sur la société des années 50, qui se transforme parfois en miroir de la nôtre.
J.G. : Attention, nous ne prétendons pas faire un manifeste. Notre but est de faire de la BD grand public de qualité, un bon divertissement qui ne se moque pas des lecteurs. Mais pour moi, l’intérêt principal de la série est son héros. Blacksad se dévoile petit à petit, même s’il reste toujours mystérieux. Ni Juan ni moi n’avons rédigé de fiche signalétique le concernant. On le construit au fil des albums.
J.D.C. : Il y a toujours la tentation de parler de son passé, d’amener des personnages de sa famille dans nos planches. Juanjo m’empêche de le faire, en me disant qu’il faut garder de la matière pour plus tard ! Il a une fois évoqué l’expérience de Blacksad dans les rangs des G.I. pendant la Seconde Guerre mondiale. J’attends toujours impatiemment de le mettre en scène sur le champ de bataille…

untitledPourquoi avoir choisi pour L’Enfer, le silence une construction particulièrement étudiée, avec flash-backs, alors que les épisodes précédents étaient racontés de façon linéraire ?
J.D.C. : Par défi. J’avais envie d’une structure différente, qui m’autoriserait une narration moins classique. J’ai choisi une intrigue qui se déroule en une nuit et nécessite des retours en arrière pour en montrer les tenants et les aboutissants. En écrivant le scénario, j’ai eu de nombreux doutes. Je savais que le lecteur de ce tome aurait besoin d’être particulièrement attentif, mais je ne voulais pas risquer de le perdre. Heureusement, Juanjo m’a rassuré en réalisant le découpage, car cela fonctionnait.
J.G. : Je n’en menais pas large moi-même… Juan aime être subtil et utiliser des nuances. Mais il y a un vrai risque à refuser d’utiliser de cartouches de texte pour expliquer où et quand on se situe. Heureusement, les pièces du puzzle se mettent correctement en place à la fin! Et puis, il est assez jouissif de tout comprendre après coup.

untitledComment vous y êtes-vous pris pour restituer l’ambiance de La Nouvelle-Orléans ?
J.G. : Pour des raisons familiales, il m’a été compliqué d’y effectuer un long séjour. J’y ai passé trois jours et demi en repérages en février dernier. J’ai eu la chance d’assister au premier défilé du carnaval, et j’ai réussi à faire abstraction du côté touristique de la ville. J’ai eu un coup de cœur énorme pour elle, c’est un lieu indissociable de la musique. Cela m’a poussé à lui donner de l’importance dans l’album : je n’ai pu me contenter de l’utiliser en simple toile de fond. L’objectif était de la recréer comme elle pouvait être dans les années 50. Pour cela, j’ai effectué de nombreuses recherches sur place et en France.
J.D.C. : La ville génère une ambiance particulière, elle est pleine de contrastes : on passe de la fête colorée de Mardi-gras à une scène nocturne dans un club de jazz.

Pourquoi vous a-t-il fallu cinq ans pour réaliser ce quatrième album, alors que les trois précédents ont été publiés entre 2000 et 2005 ?
J.C.D. :
J’admire les scénaristes qui travaillent très rapidement. Mais ce n’est pas mon cas, j’ai besoin de réfléchir, de me documenter, d’être sûr de mon histoire. Et puis j’ai fait plein de choses, notamment pour l’animation, avant d’attaquer cette histoire.
J.G. : J’ai eu le scénario terminé entre les mains il y a deux ans seulement. Entre temps, j’ai travaillé sur un dessin animé, publié deux tomes de Sorcelleries avec Teresa Valero, préparé des expositions, réalisé des illustrations… Et puis j’ai déménagé deux fois ! Dargaud nous a fait toutefois comprendre qu’il ne fallait pas que ce quatrième tome soit une Arlésienne, alors je m’y suis mis.

No titleOù en est le projet d’adaptation de Blacksad au cinéma ?
J.G. : Nous avons cédé les droits à Thomas Langmann il y a dix ans. Nous ne sommes pas directement impliqué dans le film, notre droit de regard est très relatif. Ce long-métrage devait être dirigé par Pierre Morel, un fan de la série, qui voulait utiliser des comédiens et incruster numériquement des têtes d’animaux sur leurs corps. Nous avons récemment appris par voie de presse qu’Alexandre Aja en serait finalement le réalisateur.

Blacksad vient d’être réédité aux Etats-Unis…
J.G. : Les deux premiers épisodes avaient été publiés par Ibooks, un éditeur qui a depuis déposé le bilan. Dark Horse a édité en juin un seul album grand format, comprenant les trois premières histoires. Il s’agit d’un très beau livre, dont les 7000 exemplaires sont bientôt écoulés. Il va y avoir une réimpression.

Quels sont vos projets ?
J.D.C. :
Nous allons profiter de la période de promotion autour de cet album pour avancer sur le cinquième. Il s’agira d’un road-movie. Blacksad et Weekly rentreront de La Nouvelle-Orléans en empruntant différents moyens de locomotion, et il leur arrivera des aventures… Sinon, je travaille avec le dessinateur José Luis Munuera sur Fraternity, une histoire légèrement fantastique se déroulant pendant la guerre de Sécession aux Etats-Unis.
J.G. : Je prépare le dernier épisode la saga Voyageur pour Glénat, et la suite de Sorcelleries. Et j’ai une idée de one-shot, mais je ne peux en parler avant de l’avoir mieux concrétisée…

Propos recueillis par Laurence Le Saux

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Blacksad #4 : L’Enfer, le silence.
Par Juanjo Guarnido et Juan Diaz Canales.
Dargaud, 13,50€, le 17 septembre 2010.

Images © Dargaud.

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