Blanc autour
Inspiré d’une histoire vraie, Blanc autour se passe en 1832, 33 ans avant que la Constitution américaine n’abolisse définitivement l’esclavage. Dans la petite ville de Canterbury, l’émancipation des noirs est concrète, même s’ils n’ont pour l’instant pas de réels droits civiques. Cependant, quand le pensionnat pour jeunes filles accueille Sarah, une fille noire, curieuse et intelligente, c’est toute une ville qui se révolte. Déjà qu’une école de filles en perturbait plus d’un, si en plus elle accueille des filles de couleur, alors vous n’imaginez pas le scandale !
À la tête de cette première école non ségréguée du pays, Prudence Crandall. La directrice fait à présent partie intégrante de l’histoire abolitionniste du pays, mais à l’époque le droit des femmes et des noirs n’était pas dans le cœur de tous les citoyens, loin s’en faut. À l’annonce de la venue de cette Sarah, c’est la révolte au village… L’acharnement contre l’école n’est qu’à ses prémices, mais ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que Prudence Crandall est déterminée. Ce ne sera pas sans crainte, mais au retour de vacances l’école n’accueillera que des filles de couleur !
Son long combat embrasse le droit des femmes, des noirs, l’acceptation de l’autre, de la différence, du changement et touche à de nombreuses et pertinentes problématiques comme la peur de l’inconnu, l’incompréhension, la crainte de l’instruction des femmes et des noirs, la suprématie du patriarcat blanc. C’est pourquoi Blanc autour est autant un portrait de Prudence Crandall, qu’un plaidoyer de la cause abolitionniste, qu’un marqueur pour le droit des femmes et de l’évolution sociale des États-Unis. Cette œuvre se montre moderne près de 200 ans après les faits, c’est dire son bien-fondé et son importance encore aujourd’hui. Un reproche cependant : la fin paraît précipitée et aurait mérité quelques développements, ce que la postface se sent obligé d’ajouter en préambule.
Du reste, ne considérer cet album qu’au propos essentiel et au scénario bien troussé de Wilfrid Lupano (Les Vieux fourneaux, Un océan d’amour, Le Singe de Hartlepool…) serait réducteur. Le travail de Stéphane Fert est renversant. Plus chiadé et plus mature que dans Morgane ou Peau de mille bêtes. Sa palette de couleur pastel, ses lignes courbes, ses personnages très expressifs, ses décors enchanteurs, ses peintures numériques subjuguent et rappellent la légèreté qu’avait apportée Cy à Radium Girls.
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janvier 16, 2021
Jojo« Réduire cet album à son propos et au scénario bien troussé de Wilfrid Lupano (…) serait réducteur »
Commencer une phrase par « réduire » et la finir par « réducteur », quel raccourci !
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janvier 16, 2021
Rémi I.Correction effectuée. Merci !
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