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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | December 8, 2024















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Crépuscule des pères

25 juin 2021 |
SERIE
Crépuscule des pères
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
20 €
DATE DE SORTIE
17/06/2021
EAN
B08NDT5Q1L
Achat :

Thomas est rongé par un conflit avec son ex-femme, qui lui refuse la garde alternée de leur fille d’une dizaine d’années. Il voit la jeune Lise régulièrement, mais le dialogue avec son ex est rompu, et relégué à de pénibles joutes d’avocats. Dans le même temps, il découvre dans de vieux journaux un fait divers qui s’est déroulé dans la région en 1969, le fameux « drame de Cestas » : où comment un père ne supportant pas la séparation d’avec sa femme s’est enfermé, armé, dans une maison avec deux de ses enfants, deux semaines durant, et a fini par les abattre avant de se suicider. Thomas enquête, lit, se documente, rencontre des témoins de cet événement largement médiatisé à l’époque, pour tenter de comprendre comment un père a pu en arriver à cette extrémité…

crepuscule-des-peres_image1Pourtant, comme il le dit lui-même, Cestas, « ce n’est pas [son] drame ». Et c’est là que l’album suscite une gêne. En effet, le double dispositif narratif – l’enquête de Thomas d’une part, et la reconstitution du drame, d’autre part – engendre une double lecture peu aisée car l’écart de puissance et de gravité entre la bataille juridique pour une garde alternée (alors que Thomas voit quand même souvent sa fille) et la tragédie de l’infanticide est bien trop grand pour provoquer un parallèle. On comprend la douleur de Thomas de ne pas se voir reconnaître par la justice des hommes sa pleine capacité à être père, mais beaucoup moins sa fascination pour celui que les journaux de l’époque ont baptisé « le forcené de Cestas ». À cela s’ajoute un léger trouble à propos de ce Thomas de fiction, brossé de manière si réaliste qu’on y voit forcément un alter ego de l’auteur, qui s’appelle lui-même « l’auteur » dans les curieux avertissements et résumés introductifs… Enfin, on regrette un peu que Renaud Cojo et Sandrine Revel n’aient pas davantage osé pénétrer dans l’habitat retranché, pour imaginer ce qui aurait pu s’y passer, comment le père voyait la situation et comment il avait convaincu (ou non) ses enfants de la légitimité de son action… Non, ils préfèrent reconstituer l’événement à partir des films, journaux et témoignages de l’époque, pointant aussi l’attitude voyeuriste des médias, et cette partie-là est parfaitement réussie, la dessinatrice de Chroniques de San Francisco ou Glenn Gould offrant une ligne semi-réaliste fluide et limpide et un environnement de couleurs et de textures superbe de précision et porteur de sens.

Il reste donc de ce Crépuscule des pères une impression étrange, malaisante. On est à la fois glacé devant la reconstitution soignée de ce drame familial terrifiant, mais agacé par une narration lourde et aux choix contestables. Et c’est le dessin élégant et puissant de Sandrine Revel qui fera voir le verre à moitié plein.

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