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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | May 8, 2024















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Inuit

27 avril 2024 |
SERIE
Inuit
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
33 €
DATE DE SORTIE
11/05/2023
EAN
2844149375
Achat :

Baudoin et Troub’s publient régulièrement, depuis plusieurs années, des carnets de voyage conjoints, fondés sur un principe de base : des rencontres, de l’échange où les auteurs troquent un portrait contre un récit. Après l’avoir réalisé dans des endroits aussi différents que le Mexique ou le village de Clamecy (pour Baudoin seul), les voilà envolés pour le Labrador et le Nunavut, ces terres du Nord du Canada, à la rencontre des Inuits. À l’origine du voyage : la découverte de l’art inuit au musée d’Ottawa au début des années 2000, quand Baudoin enseignait à l’université de Gatineau.

inuit_image1 Le carnet de voyage peut vite tourner à la carte postale folklorisante, qui plus est dans des territoires colonisés où, comme l’a rappelé Troub’s en rencontre, une blague courante dit que dans chaque village il y a un ethnologue blanc. Ce risque est bien conscient, et si les auteurs n’échappent pas à certains regards pittoresques, ils ont trois outils centraux : être introduit par Billy, un ami artiste ; continuer à se poser eux-mêmes des questions – au détour du livre Baudoin, octogénaire, interroge ainsi l’imaginaire du western qui l’a bercé enfant, et a marqué malgré tout son désir d’Amérique – ; et, bien sûr, le dessin. Le dessin permet de faire tomber la méfiance et d’offrir un réel aller-retour, et pas une simple utilisation de témoignages, un sujet qui peut être complexe dans ces territoires où plusieurs personnes interrogées soulignent l’impression de s’être fait voler leur parole ou exploitées.

En offrant le dessin contre le témoignage, un autre processus se crée, même si des résistances existent toujours, et sont présentées : une femme refusera de laisser son image. En parallèle, plusieurs fois au fil du livre, la plume est laissée à des artistes autochtones, souvent assez éloignés de la bande dessinée, qui viennent poser leurs voix sur ce récit. À côté de ces artistes, un ancien maire face à sa ville qui se dépeuple, une bibliothécaire volontaire, des jeunes entre espoir et lassitude… Tous décrivent une connexion perdue, parfois fantasmée, à leur terre, leur monde, et une vue très directe des conséquences, encore lointaine loin des pôles, du désastre écologique en cours.

En alternant ces paroles avec des dessins de paysages, des illustrations de folklore ou de dialogues, les deux auteurs réussissent à sortir d’un simple cliché. Ils montrent ainsi non seulement une culture abimée, mais son aussi incarnation toujours présente, transformée, adaptée au monde contemporain mais réelle, et bien décidée à exister au XXIe siècle.

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