La Saison des billes



Huey, jeune passionné de comics, s’imagine en super-héros. Suzy, elle, mange des billes. Lana, le garçon manqué, se moque. Ils miment les adultes, se bagarrent, rêvent, tombent amoureux ou font des bêtises sans conséquences. Timides ou têtes brûlées, ces enfants se cherchent au contact des plus grands. D’autres vont changer de peau pour tenter de trouver leur place…
Gilbert Hernandez, bien connu pour avoir réalisé la série Love and Rockets avec ses frères, revient avec une chronique sociale semi-autobiographique évoquant des souvenirs de pré-ados dans l’Amérique des années 1960, celle de la société de consommation triomphante. En décrivant une succession de moments ordinaires, il nous tend le miroir de notre propre enfance, insouciante, naïve ou cruelle, avec ses rites de passage, ses premières fois, ses transformations latentes, visibles ou invisibles. Et invite à s’attarder sur les silences, les ellipses, véritables catalyseurs du changement.
Les objets de la culture de masse, eux, cristallisent humeurs et sensations, traduisent au plus près l’ambiance d’une époque, fixent un imaginaire puis réactivent l’esprit d’une génération nourrie au lait des comics, séries populaires et autres cartes à collectionner Mars Attacks!. Ce qui rend cette mémoire si vivace ici, c’est le ton adopté, toujours juste, le réalisme des scènes et le visuel, assez neutre pour permettre l’identification. Si Hernandez ranime une délicate innocence sans nostalgie mal placée, on peine néanmoins à vraiment s’enthousiasmer. La faute aux trop nombreuses références, pas toujours parlantes, au rythme indolent d’une narration linéaire et à des personnages plus ou moins profonds. La postface critique de C.K. Creekmur, intéressante, dissipe en partie ces réserves. La Saison des Billes est alors moins une réflexion qu’une représentation de l’enfance dans sa réalité la plus nue. Et en effet, les situations décrites, en apparence banales et insignifiantes, deviennent, une fois adulte, des souvenirs qui peuvent hanter toute une vie.
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