Par Nadja. L’Apocalypse, 29€, le 15 novembre 2012.

Elle avait déjà abordé la mécanique de la création dans Comment ça se fait. Nadja explore à nouveau le sujet dans cet album, l’un des premiers publiés par L’Apocalypse, la nouvelle maison d’édition de Jean-Christophe Menu (ancien éditeur de L’Association).

L’auteure du très réussi Les Filles de Montparnasse se met en scène dans la peau d’un ursidé en panne d’inspiration. Son alter ego peine à « rentrer dans un projet », ne parvient pas à se lancer dans une nouvelle bande dessinée, s’interroge sur le format adéquat pour ses peintures. En roue libre, ses tubes de gouache et ses pinceaux en sont réduits à tenter de se commander une pizza. Et si écrire, c’était « extraire le coeur sanglant de la réalité », comme le suggère un ami autour d’un repas ?

Avec sensibilité, ironie, franchise aussi, Nadja offre une plongée dans son intimité artistique. Les affres de son héroïne – proche de la caricature bobo – peuvent parfois agacer, mais ses interrogations sur son activité se révèlent passionnantes. Subtil, tout en nuances de gris, son travail graphique ose mettre à jour une usure psychologique, un manque criant d’assurance. Un dévoilement hardi, dont la sincérité touche.

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