Depuis plusieurs ouvrages, Laurent Bonneau se livre dans des bandes dessinées autobiographiques à fleur de peau. Dans son précédent, Le Regard d’un père, il revenait sur sa relation à son paternel et sur ses réflexions de jeune papa qu’il venait de devenir. Dans L’Essentiel, il y est surtout question de sa femme et de son fils. Le temps d’une centaine de planches d’une à deux très grandes cases, il déroule ses pensées dans le doute. Le doute personnel, et le doute créatif.

Durant ses méditations intimes, on croise celle qu’il aime, une prison, la nature et puis son enfant. Quatre éléments qui forment un tout à la fois éparse et cohérent. À travers de non-dits, d’introspection, mais aussi de réflexions plus terre à terre, il se dévoile et se questionne dans une pudeur délicate. La vie ne tient parfois qu’à peu de choses et y trouver du sens n’est pas forcément aisé. Pourtant, au fil de son histoire en apparence crépusculaire, on se rend compte que la lumière est peut-être tout simplement dans les choses anodines de l’existence. Ces petites choses qui font et défont la vie.

Bel ouvrage à la puissante sensibilité, L’Essentiel ne donne pas vraiment de réponse, mais mène à la réflexion. Mis en couleur avec un expressionnisme appuyé, les dessins texturés de Laurent Bonneau s’admirent du réalisme à l’abstrait, sans jamais tomber dans la démonstration graphique. Appuyant le cheminement de pensée de son auteur, ils ouvrent également de nombreuses pistes autant qu’ils cloisonnent chromatiquement ce qui fait la sève de ce qu’il est devenu par la force des choses.