Moon
De nos jours, dans un des nombreux petits villages qui bordent la mer Méditerranée. Il fait bon vivre, l’été, pour profiter des vacances au soleil et de la plage. Par contre, hors saison, on s’y ennuie à mourir, surtout quand on est ado ! Enfin, c’est ce qu’ils croyaient tous, car le cauchemar des jeunes du coin commencera véritablement à partir du moment où la foudre s’abattra sur l’antenne-relais du coin, coupant tout accès à internet, pour deux longues semaines. Pour cette génération née dans le monde 2.0, ce ne sera pas une mince affaire… mais peut-être une opportunité à saisir pour profiter pleinement de la vie.
Avec ses personnages adolescents, Cyrille Pomès se fait évidemment critique des réseaux, de leur utilisation, des liens sociaux qui se perdent, de l’image biaisée qu’ils renvoient à nous-mêmes et aux autres. Mais il parvient à raconter bien plus, sur le harcèlement, le deuil, les apparences, le monde des adultes… notamment grâce à deux individus qui personnifient son propos. D’un côté, Gabriel, surnommé « Cosmos » tant il semble planer. De l’autre, Luna, jeune et belle fille star des réseaux sociaux. Alors que dans la vie d’avant tout semblait les séparer, ils feront partie de ceux qui évolueront et tireront le plus partie de ce sevrage forcé.
Cyrille Pomès a beau avoir refermé sa parenthèse adolescente il y a plus de 20 ans, il est assez étonnant de voir avec quelle acuité il parvient à retranscrire ce qui fait la jeunesse d’aujourd’hui. Remarquable de sensibilité et d’authenticité, sa bande dessinée sonne juste. Ses personnages sont tendres, émouvants, et le spleen dans lequel ils baignent est palpable à chaque instant. Après son adaptation remarquée du Fils de l’Ursari, l’auteur semble avoir atteint une incontestable de maturité graphique. Ses planches flattent la pupille. Ses lignes rondes et généreuses sont expressives, vivantes. Ses lavis habillent densément ses décors. Utilisant de grandes cases et entrecoupant son histoire de merveilleuses doubles planches dans lesquelles il dé-peint un climat et un décor ébouriffant. Parler de Moon, c’est aussi inévitablement parler des couleurs. Ces splendides teintes ocre et bleu nuit sont le fruit du travail d’Isabelle Merlet. Elles prennent une place prépondérante dans cette histoire et en renforcent l’impact en soutenant manifestement le trait et la poésie de l’auteur.
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