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The Plot Holes

30 novembre 2022 |
SERIE
The Plot Holes
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
COLLECTION
PRIX
17 €
DATE DE SORTIE
21/10/2022
EAN
B0B4FR8TP2
Achat :

Avec son cycle White Knight, Sean Murphy a réalisé le rêve de tout auteur de comics : marquer durablement l’histoire d’un personnage aussi emblématique que Batman avec un run définitif, s’assurant une place au panthéon DC aux côtés d’un Alan Moore ou d’un Grant Morrison. On imaginerait l’homme comblé, rincé, vidé par ce grand œuvre qu’il écrit et dessine pour large part, à un rythme démentiel. Ce serait mal connaître ce bourreau de travail qui occupe chaque interstice de temps libre à imaginer de nouveaux titres. Les récréations chez lui prennent la forme de récits complets en 150 pages, intégralement réalisés dans son coin (avec tout de même l’aide de son coloriste Matt Hollingsworth).

the-plot-holes_image1Dans The Plot Holes, il s‘impose lui-même sans que personne ne lui ait rien demandé de se frotter à tous les genres et tous les styles, et donc à restituer visuellement 1000 idées, au gré d’une intrigue touffue qui voit un assemblage hétéroclite de personnages de romans et BD faire équipe pour tenter de corriger des anomalies apparues dans des livres. Les Inco-Errants (jolie traduction), emmenés par la mystérieuse Ed, comptent dans leurs rangs : un guerrier tigre, une vampire, un super-vilain type Magneto, un smili-Naruto et un gamin facétieux issu de strips. Ils sillonnent les œuvres compilées par un programme de numérisation pour éliminer anachronismes et scènes superflues ajoutées par un bug.

Les rejoint Cliff, un geek auteur de comics, explicite autoparodie en T-shirt tête de mort. Tout cela n’est pas très sérieux et si le scénariste s’amuse comme un petit fou, namedroppant comme dans Ready Player One tous ses kifs de lecteur/spectateur (Katsuhiro Otomo déjà abondamment cité dans Tokyo Ghost, Retour vers le Futur) voire de créateur (l’autocitation Punk Rock Jesus), il convie le lecteur à la fête avec générosité.

Pas gardien du temple pour un sou, Murphy aborde la littérature et le pulp, la grande culture et la pop, dans un syncrétisme total qui se traduit à l’image par un joli foutoir organisé. Ça part dans tous les sens mais en gardant à peu près le cap. Même quand il se divertit, l’auteur ne bâcle pas une case et ne s’épargne rien : une double avec ninjas, vikings, pyramides et New York 70’s ? Même pas peur. Là où n’importe quel dessinateur sensé aurait saisi son scénariste par le col en lui demandant des comptes, Murphy qui n’a que lui-même à blâmer, charge toujours plus la barque.

Tout à son abattage, il oublie parfois en route poésie et profondeur. The Plot Holes n’est pas The Unwritten. Plus bibliophage que bibliophile, Murphy traite la littérature comme un terrain de jeu propice au dépaysement plus que comme un terreau à émotions ou à réflexion. Lancée à fond les ballons, sa petite équipe adresse une tape sur le rostre de Moby Dick avant de grimper dans un X-Wing sans même se retourner. Pas le temps de niaiser.

L’auteur aurait été inspiré de prendre deux minutes pour souffler pour, par exemple, mettre un peu plus de personnalité dans les dialogues. À l’exception des saillies pas drôles de Kevin, le très malaisant faux Calvin de Calvin et Hobbes, tout le monde ne s’exprime ici que pour débiter l’une des innombrables règles qui régissent ce Matrix en lettres d’imprimerie. Sur l’autel de l’efficacité, Murphy sacrifie même ses quelques idées sur la puissance réparatrice de la fiction effleurée via le personnage de Ed, mais expédiée in fine parce que ça fait, comme le disent ses personnages, « une bonne fin ». L’auteur aurait gagné à aborder un peu plus relax ce qui devait être à la base un sas de décompression entre deux obligations White Knight. On ne se refait pas.

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