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Le Prix Konishi met en lumière le métier de traducteur de manga

29 janvier 2018 |

Depuis plusieurs années, ce sont près de 60 % des bandes dessinées publiées en France qui proviennent de l’étranger. La traduction est donc un des rouages essentiels de publication de ces titres en français. Malgré ce constat, la profession reste inexorablement l’un des métiers de l’ombre de l’édition. Afin de pallier ce manque de visibilité et de reconnaissance, l’Ambassade du Japon en France et la fondation Konishi (déjà organisatrices du Prix franco-japonais de la traduction littéraire depuis 22 ans) ont créé le Prix Konishi pour la traduction de manga en français. Soutenant ceux qui donnent leur voix aux titres et auteurs japonais publiés en France, ce prix légitime aussi indirectement (enfin!) le manga en tant que véritable genre littéraire.

Sébastien Ludmann, Grand Prix Konishi 2018 avec « Golden Kamui »

Grand-Prix-Konishi-2018Pour sa première édition, le Prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français a été décerné à Sébastien Ludmann pour sa traduction de Golden Kamui de Satoru Noda. Déjà reconnu par le milieu, il travaille notamment sur la traduction de titres historiques (Cesare, Ad Astra, Hawkwood…) ou atypiques (Golden Kamui). Ce traducteur n’hésite pas à se lancer dans d’autres séries totalement déjantées (Bloody Delinquent Girl Chainsaw) ou au contraire exigeantes entre théâtre et émotions (Kasane).

Avant d’accepter la traduction de Golden Kamui, Sébastien Ludmann avoue avoir été « tiraillé entre l’enthousiasme du lecteur et le pressentiment que la tâche serait complexe »*. Il évoque notamment de nombreux « problèmes spécifiques : transcription de la langue aïnou, termes militaires ou botaniques sans équivalents, transposition de l’arrière-plan culturel« . Heureux, lors de la remise du prix au festival d’Angoulême, le traducteur a émis un souhait : « J’espère que ce premier prix sera l’occasion de mettre en lumière un métier souvent fantasmé et parfois incompris. »

Inspiré de l’histoire de l’arrière-grand-père de l’auteur, envoyé à Hokkaïdo pour combattre les Russes, Golden Kamui est un récit d’aventure bien singulier mêlant tambour battant, chasse, culture aïnou, ruée vers l’or et action. Malgré sa singularité et son mélange des genres, la série est déjà lauréate des Manga Taishô Awards (Cartoon Grand Prize) 2016 et a été en sélection du Prix Asie ACBD 2017. De plus, elle a été adaptée en une série animée qui débutera le 1er avril 2018.golden-kamui-visual-7

Enthousiasmé par la lecture de ce véritable ovni, Ahmed Agne (cofondateur et directeur éditorial des éditions Ki-oon) admet que cela relevait du challenge de proposer ce titre au lectorat français. Pour chaque titre, les directives de l’éditeur à propos de la traduction sont primordiales, et encore plus pour des mangas aussi riches et complexes à traduire que Golden Kamui. Interprète, mais aussi traducteur des premiers titres parus chez Ki-oon, Ahmed Agne connaît la langue japonaise et a une vision bien précise de ce qu’il attend de ses traducteurs. Dans les mangas qu’il édite, il souhaite « offrir au lecteur le texte le plus lisible possible : sans contresens, sans approximations, des dialogues clairs et naturels, qui sonnent bien… Le tout dans un français correct, dans le respect de la grammaire, de l’orthographe. Et surtout, de ne pas trahir le texte original ». Cette fameuse « fidélité » au texte japonais suscite parfois le débat, mais l’éditeur ne laisse aucun doute en prônant l’adaptation au lectorat cible : « Quand je dis fidèle, je ne parle pas de traduction littérale, mais de rendre au mieux l’esprit du manga, la volonté de l’auteur, quitte à s’éloigner un peu de la phrase originale. » Finalement, c’est un pari gagné pour le traducteur, l’éditeur confiant que « la série a trouvé un écho qui va bien au-delà du simple cercle des fans de manga ».

Une conférence autour du métierPrix Konishi Logo

Afin d’accompagner cette mise en avant des traducteurs, l’exposition « Les mots dans les bulles » a été présenté à la Cité de la Bande dessinée d’Angoulême lors du festival et sera visible dans le hall du rez-de-chaussée de la Maison de la Culture du Japon à Paris du 30 janvier au 3 février 2018. Le jour de l’ouverture, mardi 30 janvier à 18h, aura également lieu une conférence animée de Patrick Honnoré (traducteur) en présence de Stéphane Beaujean (directeur artistique du Festival d’Angoulême), Ryoko Sekiguchi (traductrice) et Sébastien Ludmann (traducteur, lauréat de ce premier Prix Konishi). L’entrée étant libre, l’organisateur espère que de nombreuses personnes se déplaceront pour « débattre en public et mettre un peu de lumière sur ces professionnels des mots qui demeurent le plus souvent dans l’ombre« .

Prix Konishi, les nommés

Coordonné par Frédéric Toutlemonde, le Prix Konishi pour la traduction de manga japonais en français décerné a été remis par un grand jury composé de Stéphane Beaujean, Patrick Honnoré, Karyn Nishimura Poupée (journaliste), Claude Leblanc (rédacteur en chef de Zoom Japon) et Stéphane Ferrand (ancien directeur éditorial de Glénat manga).

Étaient également nommés à ce prix, 9 traducteurs de titres parus entre octobre 2015 et septembre 2017 : Anaïs Koechlin pour Born to be on air ! de Hiroaki Samura, Miyako Slocombe (qui a reçu le prix d’encouragement de la traduction littéraire pour Le Démon de l’île solitaire d’Edogawa Ranpo) pour Chiisakobé de Minetaro Mochizuki, Samson Sylvain pour Le Club des divorcés de Kazuo Kamimura, Thibaud Desbief pour Dead Dead Demon’s Dededede Destruction de Inio Asano, Sylvain Chollet pour Innocent Rouge de Shin’Ichi Sakamoto, Frédéric Malet pour One-Punch Man de ONE et Yusuke Murata, Géraldine Oudin pour Père & Fils de Mi Tagawa, Chiharu Chujo et Nathalie Bougon pour Perfect World de Rie Aruga et Sayaka Okada et Manon Debienne pour Takane & Hana de Yuki Shiwasu.

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* Propos de Sébastien Ludmann et Ahmed Agne tirés des nombreuses citations et interviews présentes sur le site du prix Konishi et sur Twitter.

GOLDEN KAMUY © 2011 by Satoru Noda / SHUEISHA Inc.

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