Mike le cynique et Wolf le débonnaire sont deux ados ordinaires, perdus dans leurs questions ou leurs tourments. L’école est finie, il faut désormais prendre sa vie en main. Deux cachets de LSD plus tard, les voilà lancés sur les routes du pays sans but précis…

L’entrée dans l’âge adulte est un thème récurrent sinon rebattu en BD. Après le très bon The End of the Fucking World (L’Employé du moi), l’auteur américain Charles Forsman, navigant près de Daniel Clowes, Larry Clarke ou Gus Van Sant, revient avec une histoire d’ados qui se cherchent, en mode road-movie. Pour échapper à l’ennui existentiel, à la banalité mortifère, ils ingurgitent de la drogue, traînent ou jouent aux arcades… Sans résultat. Ni ivresse, ni sublimation, juste de molles hallucinations et un retour chez mamie. Leurs errances, vaines ou incongrues, ne les mènent finalement nulle part, sinon au vide et à l’impossible perte de soi.

Si l’ensemble se lit avec intérêt, c’est parce que l’auteur saisit avec acuité l’ennui et le mal-être d’ados en quête de repères. C’est aussi grâce au découpage et aux trouvailles graphiques. Le trait dépouillé ou abstrait, parfait dans le rapport économie de moyens/expressivité, porte de plus ou moins grandes cases dynamisées par la brièveté du texte. C’est fluide, efficace, même si la narration lancine et paresse, comme pour épouser le destin en pointillés de ces ados qui expérimentent. Du coup, le récit alterne séquences hypnotiques très réussies et d’autres plus anecdotiques d’autant qu’à mi-parcours, la machine pédale un peu dans le vide. Mais Celebrated Summer révèle surtout un potentiel intéressant. Reste maintenant à l’exprimer pleinement pour convaincre sans réserve.