Crimson Flower



Jamais là où on l’attend entre séries d’auteur high concept (Mind MGMT), blockbusters (BRZRK), travaux de pure commande pour Valiant ou délire SF bancal, Matt Kindt nous revient chez Delirium avec un surprenant mélange d’action et de noir puisant dans le folklore russe. Crimson Flower s’intéresse à une jeune femme ayant décidé de retrouver le meurtrier de son père, assassiné sous ses yeux quand elle était enfant. Adulte, sous couvert de travailler pour une compagnie pharmaceutique, elle piste en fait les hommes de main d’une organisation criminelle nommée le Centre, dans la Russie d’aujourd’hui.
Le dessin très expressif, inquiétant et volontairement outrancier de Matt Lesniewski (Static, à paraître en juin toujours chez Delirium), le laisse deviner immédiatement : cette revenge story à la John Wick ne s’interdira pas les embardées surréalistes. Endoctrinée depuis son plus jeune âge, abreuvée de contes slaves et gavée de pilules, l’héroïne évolue dans une hébétude permanente et ses confrontations avec ceux qu’elle soupçonne d’avoir œuvré pour le Centre virent vite au bain de sang psychédélique. Difformes, exagérés, distordus les corps des personnages témoignent de ce basculement aux frontières du réel (et de la raison) avec bras en accordéon, barbes interminables et cheveux transformés en tentacules écarlates.
L’expérience exutoire, hallucinée et dépaysante, ne manque pas de piquant et hisse cette pure série B au-dessus du tout-venant.
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