Du charme du parking à étages



Un jeune noir, migrant, vient d’être assassiné dans un parking à étages par une bande de garçons. Mais s’il est mort, son esprit continue à errer. Au même moment, Zolferini est relâché par la police après un interrogatoire musclé. En cause, une vague histoire de vengeance après avoir été viré de l’usine où il travaillait. Mais lui jure n’avoir rien fait. Libre, Zolferini n’a pourtant aucun but : fauché, seul, bientôt SDF, il vit dans le camp des perdants. Jusqu’au jour où un père lui propose une belle somme contre une basse besogne…
Après La Queue du loup et Cosmo, on retrouve Marino Neri aux manettes d’un polar social maîtrisé de bout en bout. Mieux, envoûtant. Côté ambiance, l’auteur transalpin ne change guère : l’Italie des prolos désoeuvrés qui n’ont plus rien à perdre, l’image d’une société ensauvagée à travers la violence crue infligée à un immigré, un univers peuplé d’êtres tourmentés et en souffrance. Et des gagnants profitant du système. Dans ce cadre poisseux, l’itinéraire de Zolferini, personnage déjà condamné par le destin. Au diapason, on trouve logiquement un dessin expressionniste, sombre, révélant le désespoir qui colle à la peau de cette ville enneigée. Un album ancré dans le réel qui ne s’interdit pourtant pas d’aller voir du côté des rêves et du fantasme, là où un peu de lumière pourrait percer.
C’est un polar noir et lumineux, tendre et cruel, qui confirme le talent de Marino Neri à jouer des silences, des non-dits, de l’obscurité et des regards dans une parfaite fluidité. Jamais larmoyant ou misérabiliste et sans s’y réduire, Du charme du parking à étages est un bel hommage aux sans-grades où les personnages brillent de leur désespoir dans une réalité sans pitié, jusque dans l’ironie du titre. Décidément, Marino Neri ne se trompe jamais. Encore une réussite !
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