Par Simon Roussin. Editions 2024, 19 €, le 23 novembre 2011.

Dans des terres désolées, en proie à des guerres incessantes qui mènent l’humanité à sa perte, le Capitaine masqué impose sa loi de fer, avec le plus grand mépris de la vie humaine et une violence sans pareil. Son bras droit Lemon Jefferson lui obéit aveuglément, jusqu’au jour où l’amour le touche et lui fait entrevoir l’horreur de ses actes. C’est le début d’un voyage initiatique et brutal, vers des contrées inconnues et peut-être un peu d’espoir.

Auteur d’un surprenant Robin Hood, le jeune Simon Roussin explose littéralement avec ce nouvel album. Sans jamais être parodique, il rend hommage aux vieux feuilletons d’aventure, empreints de grands sentiments et d’une certaine naïveté. Tout au long de son épopée, son héros malgré lui est en perpétuel questionnement existentiel, et mûrit au fil des étapes, qui mettent à l’épreuve sa bravoure, son intelligence, sa foi. Comme dans toute histoire de ce style, on ne compte pas les rebondissements improbables, les personnages providentiels et les textes premier degré. Et c’est là toute la force de l’album: faire revenir son lecteur dans les contrées de l’enfance, où tout semblait possible pour peu qu’on y croit un tout petit peu. Autre parti-pris audacieux et réussi, une mise en couleurs aux feutres, venant enflammer de teintes fauves et fantastiques une ligne frêle. À première vue enfantin, ce choix graphique est bien plus difficile à soutenir qu’il n’y paraît, et ses vraies-fausses maladresses apparentes le rapprochent d’une forme d’art brut rare en bande dessinée. Simon Roussin démontre avec ce one-shot une grande maîtrise et un vrai engagement d’auteur. Une révélation.

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