Murder Falcon



Quand Jake est attaqué par une arraignée monstrueuse sortie d’une faille interdimensionnelle, sa guitare se transforme soudain. Devenue instrument de légende, elle lui permet d’invoquer Murder Falcon, une montagne de muscles à tête de faucon et bras métallique. Ensemble, ils vont alors se dresser contre les hordes du roi de la haine grâce à la puissance du métal !
C’est vrai, ce pitch laissera de marbre certains lecteurs, voire les rebutera complètement. Mais juger trop vite ce comics pour son côté bourrin assumé serait passer à côté d’une oeuvre bien plus subtile qu’il n’y paraît. Certes, l’histoire nécessite une bonne dose de second degré. Bad ass et jouissifs, les dialogues, les personnages, les situations grand guignolesques semblent sortis tout droit d’une comédie de Jack Black (The Pick of Destiny en tête). Le scénario où de gentils hardos se dressent, armés de leur gros son, face à des armées de monstres se nourrissant de la peur des hommes, est volontairement simple, puéril. Car cette simplicité cache une profondeur et une universalité qu’il serait dommage de rater.
D’abord, si Murder Falcon est bien un cri d’amour aux grands noms du heavy metal et pullule de références, ces dernières sont discrètes. Que les néophytes se rassurent, aucun name dropping à l’horizon, l’histoire ne laisse jamais personne sur le bord de la route. Cette édition est d’ailleurs complétée d’une galerie de couvertures alternatives, accompagnée de textes qui raviront les fans et les curieux.
Ensuite, si le scénario multiplie les personnages secondaires et peine parfois à leur donner une consistance suffisante, il fait également la part belle aux motivations du personnage principal. Jake n’est pas un super héros body buildé (Murder Falcon se charge de ça), c’est un mec lambda, un vous-et-moi dont les peurs, la tristesse et un passé lourd vont alimenter tout le discours du livre, jusqu’à sa très belle conclusion. La postface de l’auteur est d’ailleurs aussi éclairante que touchante.
Murder Falcon n’est pas un chef d’oeuvre, ni même une BD indispensable, mais c’est une petite pépite brute, une géode prisonnière de sa gangue de gros son, de punch lines et de couleurs criardes. Il serait dommage de passer à coté par snobisme.
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