Rat est un rat, et comme tous les rats, dès qu’il pointe le bout de sa queue dans une cuisine, il se fait chasser à grand coup de balais. Rat trouve cela injuste et cruel, lui qui aime tant rendre service aux humains, en grignotant les miettes qui traînent sur leur parquet. Chassé de toutes parts, Rat décide de fuir la ville. Mais de ses mésaventures, va naître une belle histoire. Un peu par hasard, Rat va poser son baluchon dans un petit village isolé, un endroit reculé où se sont regroupés tous les animaux moches. Rejetés par la société, lamproie, pieuvre, araignée, carlin ou encore bousier vivent ainsi en paix et en toute solidarité. Au contact de cette drôle de communauté, la vie de Rat va fondamentalement se métamorphoser, et celle de ses nouveaux amis aussi.

Il fallait au moins six mains pour réaliser un aussi bel album. Il faut dire que ce trio, Sibylline, Capucine et Jérôme d’Aviau, n’en est pas à son premier coup d’essai. Rappelez-vous du Trop Grand Vide d’Alphonse Tabouret ! Cette fois-ci, c’est un rat qui tient le haut de l’affiche. Accompagné d’une panoplie d’amis rabougris, il nous amène sur le chemin de la tolérance. Cette magnifique leçon de vie nous est servie en noir et blanc et en empruntant plutôt les codes de l’album illustré que ceux de la bande dessinée. De ces images vibrantes et de ces textes ciselés, il se dégage une grande sensibilité et une douce poésie. Le récit est dense, plein de rebondissements et mené avec finesse, à tel point qu’on en arrive à se prendre d’affection pour un rat-taupe, une méduse et un lombric. Cerise sur la gâteau, les auteurs ont mis en ligne une version audio de leur album, une autre manière d’entrer dans cet univers onirique grâce à la voix de Sibylline.