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Rosy, une vie d’images

29 avril 2014 |

Dupuis publie un joli petit pavé d’entretiens avec Maurice Rosy, illustré de la main de l’auteur décédé en 2013 : Rosy, c’est la vie!

rosy_couv« Donneur d’idées » officiel du journal de Spirou avant d’en devenir le directeur artistique, un terme un peu plus protocolaire, Maurice Rosy fonctionna pendant des années en parfaite symbiose avec son collègue et ami Yvan Delporte. Les deux hommes s’étaient rencontrés dans des clubs de jazz où le jeune Maurice jouait pour gagner quelques sous après ses journées à la clouterie familiale. Les deux compères ont même monté un café clandestin où vint chanter une jeune débutante du nom de Barbara…

Homme chaleureux et sympathique, Rosy n’est pas très connu pour son impact, et pourtant quel impact sur le magazine ! Scénariste d’un Jerry Spring pour Jijé (Trafic d’armes), de deux Spirou mythiques pour Franquin (Le Dictateur et le champignon et Les Hommes-Bulles), on le connaît surtout pour la douzaine de Tif et Tondu écrit pour Will, dont le magnifique et très moderne Le Grand Combat. On lui doit aussi la création de Bobo (avec Deliège), d’Attilla le chien agent secret (avec Derib) ou, au détour d’un mini-récit, d’un petit duo sans ambition, avec un débutant… Il s’agit de rien de moins que Boule et Bill, après qu’il a imposé Jean Roba dans le magazine contre l’avis de Monsieur Dupuis ! C’est aussi lui qui publia et dessina une planche de BD quasi-abstraite qui fit date dans une revue grand public…

Dans les années 1970, ne se sentant plus capable de « sentir » l’air du temps, Rosy quitte Spirou et se consacre à la publicité, au dessin de presse (pour le Nouvel Obs, Libé, Le Monde, etc.) et à l’illustration jeunesse. Il y fit une très belle carrière en y illustrant des dizaines de livres chez Nathan, Bayard ou Bordas.

rosy_pagePorteur d’un pan entier de l’histoire de la bande dessinée franco-belge, cet homme était aussi passionné que discret. Alors, quand Martin Zeller lui propose de réaliser un roman graphique sur sa vie, il refuse poliment. Qu’importe, l’éditeur récidive avec une autre idée : réaliser un long entretien, mené avec l’aide de José-Louis Bocquet, que Rosy pourra alors illustrer comme il l’entend.

Dans ces conditions, Rosy accepte, découpe le texte, créé parfois de vraies planches de BD quand, d’autre fois, il se contente d’un petit dessin. Des dessin au crayon, lâchés, d’un jet, dans son style très caractéristique. Au milieu de ce pavé de presque 400 pages, les illustrations cessent, Rosy étant décédé avant de venir à bout de ce magnifique projet. Heureusement, l’entretien était terminé et le lecteur peut continuer à découvrir sa riche carrière, avec l’aide d’une iconographie soignée.

De l’anecdote aux choix artistiques, tout est abordé avec beaucoup de fond et d’intérêt, y compris sa carrière post-Spirou, même si le journal occupe naturellement la plus grande partie de l’ouvrage. On se réjouira de voir comment la passion peut guider un homme toute une vie durant, un homme curieux, cherchant toujours à voir ce qu’offrait son époque sans sombrer dans un jeunisme ridicule. Ainsi, en fin d’ouvrage, sont présentés ses dessins sur Ipad, son dernier terrain d’exploration, qui l’intéressait énormément.

Et l’on fermera le livre sur cette magnifique phrase, qui terminait son dernier carnet, à la fois synthèse d’une vie et prophétie d’un homme insatiable : « Des images, toujours des images ».

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Rosy, c’est la vie
Entretien avec José-Louis Bocquet et Martin Zeller
Dupuis, coll. « Patrimoine »,  24€, le 25 avril 2014.

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