Tungstène
Salvador de Bahia, la plage, le soleil, les mensonges et la violence. Keira veut quitter Richard, qui la maltraite et la trompe. Mais elle n’y arrive pas, parce qu’elle n’a pas d’argent et peut-être parce qu’elle l’aime trop fort. Richard, policier audacieux et costaud, fait le fier devant les truands mais semble trop sûr de lui. Et puis il y a M. Ney, ancien militaire un peu dingue et souvent très énervé, et Caju, minable petit dealer. Tous vont se croiser au fil d’une journée longue, très longue…
Faux polar et vraie tranche de vie brutale, Tungstène est un modèle de construction. Les trajectoires des personnages s’imbriquent les unes dans les autres avec une fluidité impressionnante, et les flash-backs également. Le récit avance ainsi sans temps mort, sautant sans prévenir d’un lieu ou d’un protagoniste à un autre, sans prévenir mais sans déstabiliser pour autant. Et cette mécanique parfaitement huilée n’empêche pas les émotions : le Brésilien Marcello Quintanilha distille un récit tout en tension, où l’on tremble – de rage, de peur, de douleur, d’agacement – à chaque séquence, face à des personnages impossibles à aimer. C’est peut-être la seule limite au livre, demeurer dans un registre violent et parfois sordide et n’offrir aucune figure un tant soit peu sympathique… Mais le dessin réaliste est d’une finesse et d’une justesse époustouflantes, notamment dans les mouvements (quelles scènes de bagarre!), et fait vite oublier les quelques réticences. Une très belle découverte !
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Cela semble mériter le coup d’oeil en effet. Je ne connais pas bien la BD brésilienne, mais les dessins présentés me semblent plutôt plus intéressants que bien des mangas ou des comics. Et un polar reste un polar, que ce soit au Brésil ou en France.
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