Yallah Bye



Été 2006. La famille de Gabriel part en vacances au Liban, à Tyr, retrouver famille et amis, le jeune adulte devant les rejoindre deux semaines plus tard. Mais à peine arrivés là-bas, la guerre menace : Israël a déclenché des frappes contre le Hezbollah libanais, visant justement la région de Tyr. Stress sur place, angoisse en France, où Gabriel regarde à la télé et ne quitte pas son téléphone dans l’attente de nouvelles quotidiennes de ses proches coincés là-bas, sous les bombes…
Le scénariste Joseph Safieddine (Je n’ai jamais connu la guerre, Les Lumières de Tyr...) s’inspire ici de sa propre histoire. Et il prend le temps, sur 160 pages, de donner corps à ses personnages, et à leurs peurs et obsessions. Le père surtout, ressassant un passé toujours douloureux : quand, adolescent, il a quitté le Liban pour la France, forcé par son père qui voulait un avenir pacifique pour son fils. À travers lui, Joseph Safiedine parle des racines, d’un attachement viscéral à une terre natale mais que la raison – s’éloigner de la violence et de la peur quasi permanentes – pousse à fuir sans avoir pu la protéger. De vivre sous l’ombre d’un dilemme terrible – rester, repartir – qui effrite sa propre identité. Face à ce père meurtri tentant de donner le change en permanence, un grand fiston (l’alter ego de l’auteur) qui ne peut qu’assister, mais à des milliers de kilomètres, démuni, au pilonnage d’un peuple, se demandant chaque minute où sont ses parents, frère et soeur, et s’ils sont encore en vie. Le pathos n’est jamais loin, mais Yallah Bye ne tombe jamais dedans, conservant une vraie pudeur grâce à son ton réaliste et empathique, et un scénario bien construit qui laisse entendre différents point de vue. Avec un trait lisible et assez grand public, le Coréen Kyungeun Park (Le Roi banal, Moi en mieux) parvient à reproduire une large palette d’émotions avec brio et sensibilité, sans jamais ennuyer malgré la répétition des situations (un type pendu au téléphone en France, une famille confinée dans des appartements à Tyr). Un très bel album, souvent bouleversant, toujours juste.
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