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BoDoï, explorateur de bandes dessinées – Infos BD, comics, mangas | July 20, 2025















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BD et musique en fête !

19 juin 2025 |

C’est demain la fête de la musique, et donc un bon prétexte pour une petite sélection de BD récentes autour de ce thème.

Miles Davis et la quête du son

Génie de la trompette, initiateur du cool jazz, toxico invincible, charmeur invétéré, Miles Davis était avant tout un sorcier du son. Totalement habité par la recherche d’une note, d’une ambiance, d’une tonalité parfaite, pour exprimer ses émotions profondes comme la quête d’un ailleurs ésotérique, il a traversé le XXe siècle en innovant sans cesse. C’est ce que retrace cet album s’appuyant largement sur son autobiographie et des articles de presse, qui narre la trajectoire de ce gamin détesté par sa mère mais toujours soutenu par son père, depuis l’Arkansas jusqu’à New York, où son talent et sa ténacité le mène très vite auprès des meilleurs. Leader né et visionnaire, d’une intransigeance terrifiante, il a testé toutes les formes, s’est nourri de toutes les influences, comme en mission pour le son. Mais la drogue, la violence et un certain aveuglement dans ses relations familiales et sociales ont failli plusieurs fois l’achever. Dense et pas forcément simple d’accès au néophyte, cette bio BD régalera les amateurs de jazz et les fans de Davis, par ses nombreuses anecdotes et son graphisme chatoyant et volontiers exubérant.

Par Dave Chisholm (traduction : Philippe Touboul). Glénat, 160 p, 23 €.

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Paul

Il n’est pas facile aujourd’hui de mesurer la déflagration que fut la séparation des Beatles en 1969, alors que les gamins de Liverpool étaient le groupe le plus célèbre et le plus puissant du monde, dans une ère où les réseaux sociaux n’existaient pas et où le flux de nouveautés étaient bien plus faible. Le toujours malin Hervé Bourhis – auteur spécialiste des sujets musicaux (Le Petit livre des Beatles, Mon Infractus…) – s’empare du sujet, mais en choisissant de suivre l’un des 4 musiciens : Paul McCartney. Longtemps dans l’ombre de John Lennon, alors qu’il écrivait autant que lui, le chanteur sérieux et discret met rapidement en oeuvre la suite de sa carrière musicale, mais doit de nouveau gravir tous les échelons. Pas simple quand on a été une star planétaire et qu’on doit aussi prendre soin de sa famille, de repartir sur les routes, de tenter de remplir des salles ici ou là… Avec son style délié et le renfort d’un chouette rose fluo, Hervé Bourhis narre ces 5 années de doutes et de galères, et montre un artiste investi par son besoin d’écrire et de composer, qui le sauve de la dépression et de l’alcool. Un moment charnière, qui fait que McCartney enregistre et tourne encore, adulé dans le monde entier. Un album élégant, aérien et inspiré, avec quelques séquences mémorables comme le télégramme raté de Miles Davis ou la rencontre avec Fela Kuti à Lagos.

Par Hervé Bourhis. Casterman, 88 p., 20 € paul-herve-bourhis-couv

Strange Fruit – La chanson d’Abel

Tiré d’une fiction sonore produite pour Autant en emporte l’histoire sur France Inter, cet album déjoue intelligemment les poncifs de la biographie d’artistes, en choisissant l’angle de l’impact d’une de leurs créations sur leur vie et leur carrière. En effet, si de nombreux éléments de la trajectoire de la chanteuse Billie Holiday et du méconnu parolier Abel Meeropol (qui signait sous le nom de Lewis Allan) sont détaillés ici, ils le sont à travers l’écriture, la diffusion et le scandale de la chanson Strange Fruit. Un blues douloureux et très politique, qui raconte sans détour le lynchage des Noirs dans le Sud ségrégationniste des États-Unis. Cantonné aux chansons d’amour, le répertoire de Billie Holiday prend une nouvelle dimension avec cet air engagé, et ça n’arrangera pas ses relations avec le public sudiste ni les autorités, elle la toxicomane ingérable et victime des hommes. De son côté, l’auteur se voit ouvrir les portes d’Hollywood, mais à l’occasion de la chasse aux sorcières anti-communiste, on reprochera à ce militant de gauche juif son texte trop provocateur. Le récit est dense, mais parfaitement découpé, et le dessin sensible de A.Dan fonctionne bien dans la restitution des ambiances de l’époque. Une belle fiction documentaire, intelligente et poignante.

Par Vincent Hazard et A.Dan. Dupuis/Aire Libre, 128 p., 26 €.

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Le Monstre au violon

Les Éditions de la Gouttière travaillent depuis plusieurs albums autour de la musique (comme le chouette Le Chemin vers Pépé), en proposant des histoires muettes, qui dialoguent avec une oeuvre du répertoire classique. Et qui deviennent des concerts dessinés avec l’Orchestre de Picardie. C’est à nouveau le cas avec ce coloré Monstre au violon, qui s’inspire de la Symphonie n°4 de Mendelssohn (un QR code permet de jeter une oreille et un oeil à cette pièce et au concert). L’histoire est toute simple et destinée aux jeunes lecteurs : un joli monstre aux poils jaune soleil découvre, au hasard d’une balade en forêt, la maison d’une musicienne, qui lui offre un violon. Ravi, il le rapporte chez lui, mais son père n’est pas content : point de place pour la musique et l’amusement, il faut travailler ! Mais l’envie de maîtriser le son de ce bel instrument est trop forte… Dans un environnement graphique doux, coloré et enjoué, ce récit met en avant le bonheur de s’exprimer en musique et de partager ces moments avec ses proches.

Par Richard Petitsigne et Olivier Supiot. Éditions de la Gouttière, 48 p., 13,90 €.

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La Solidité du rêve

Le dessinateur Alfred pénètre dans un théâtre abandonné et, surprise, Arthur H créchait là. Le chanteur lui fait faire le tour du propriétaire, mais c’est pour rapidement basculer dans le monde magique des songes et des chansons, où tout est possible du moment qu’on le sort de ses tripes. Entre variations graphiques d’Alfred sur les mots et les univers d’Arthur H, et dialogue libre entre les deux artistes, ce petit volume parlera davantage aux familiers des disques du chanteur, mais il pourra aussi se lire comme une parenthèse onirique et poétique dans les coulisses de la création. « Depuis toujours, le dessin allège ce qui me pèse. À travers lui, ce qui m’encombre ne m’entrave pas », raconte Alfred. Et Arthur H de répondre : « La musique traque les espaces de liberté qui apaisent les lourdeurs que nous portons en nous. L’imprévu nous régénère… » La preuve, on croisera ici, sous les pinceaux colorés et virevoltants du dessinateur, un ours en costume, une femme volcan, le Baron noir et même Jean-Louis Trintignant… De quoi donner envie d’aller relire Alfred et réécouter Arthur H, et pourquoi pas, de se laisser gagner la créativité, à l’écoute des rêves, si solides et féconds.

Par Arthur H et Alfred. Casterman, 128 p., 18 €.

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