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Ed Brubaker, le crime dans la peau

6 octobre 2008 |

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La noirceur est sa meilleure arme. Avec Gotham Central et Criminal, Ed Brubaker a su renouveler le genre criminel et empile depuis les récompenses méritées.

Cette génération a révolutionné les comics : nés à la fin des années 60, les scénaristes Warren Ellis, Brian Michael Bendis, Mark Millar et Ed Brubaker ont su imposer depuis une bonne décennie un style sombre et violent. Leurs univers désenchantées – marqués par les attentats du 11-Septembre – ont donné un souffle nouveau aux super-héros et fait naître des séries majeures (de The Authority à Civil War, en passant par les Ultimate Marvel), avec à la clef un succès critique et commercial. Dans cette catégorie des rénovateurs de la BD américaine, Ed Brubaker se pose comme l’homme du moment : gratifié de deux Eisner Awards en 2007 (meilleur scénariste et meilleure nouvelle série avec Criminal), il vient de remporter à nouveau le trophée du scénariste cette année, notamment pour son travail sur Captain America, Daredevil et Iron Fist.

case_gotham.jpgC’est toutefois dans des projets plus personnels qu’il démontre son originalité. Ed Brubaker s’applique en effet à relancer le genre noir, moribond depuis trop longtemps. Ainsi est née Criminal, fascinante chronique des bas-fonds américains dessinée par Sean Phillips, dont le troisième volume est attendu en février chez Delcourt. Cet attrait pour les intrigues criminelles se retrouve dans l’excellent Gotham Central, cosigné avec Greg Rucka. On y voit des équipes de policiers de Gotham City répugner à recourir à Batman, ce justicier incontrôlable mais efficace, qui les fait passer pour des incompétents. Cette série, qui connut un échec relatif, ne montre quasiment jamais l’homme chauve-souris. Elle préfère s’attacher aux flics, mêlant habilement leurs vies privées à leurs enquêtes sur des meurtres sanglants.

Gotham Central couv - copyright Panini Comics.jpgGotham Central 1 - copyright Panini Comics.jpg

Gotham Central 2 - copyright Panini Comics.jpg

De la BD à la télé

Aussi bien troussée que les meilleures séries télé actuelles, Gotham Central faillit même s’installer sur le petit écran. Mais la Warner abandonna le projet, craignant un nouveau ratage après celui de Birds of Prey – un autre feuilleton inspiré de l’univers de Batman. Pas de quoi dégoûter Ed Brubaker des caméras : lui qui cite comme référence les séries Sur écoute, Veronica Mars ou The Shield, est en train d’écrire Angel of death, une web-série qui sera diffusée en 2009 par Crackle.com (Sony). L’histoire d’une tueuse à gages hantée par ses victimes, incarnée par Zoe Bell, l’héroïne cascadeuse du Boulevard de la mort de Quentin Tarantino.

Sleeper couv - copyright Panini Comics.jpgSleeper 1- copyright Panini Comics.jpgSleeper 2 - copyright Panini Comics.jpgToujours avec le dessinateur Sean Phillips, l’auteur réalise Sleeper, un récit noir (toujours !) que Sam Raimi et Tom Cruise aimeraient transposer au cinéma. On y suit un agent secret infiltré dans une organisation terroriste, qui gravit les échelons tandis que son réel employeur – et unique contact au sein des forces de l’ordre – est dans le coma. « Mon oncle était un ponte de la CIA et mon père travaillait pour les services de renseignement de la Marine, explique le scénariste au site Central Crime Zone. Même s’ils n’ont jamais donné de détails sur leurs fonctions réelles, leur activité a sans doute aiguisé mon intérêt pour l’espionnage. »

Au-delà de sa propension à sortir des sentiers balisés, c’est le ton extrêmement sombre d’Ed Brubaker qui marque son lecteur. « Quand j’étais ado, j’étais un peu voleur et accro à la drogue, précise-t-il dans la même interview. J’ai fait pas mal de choses dont je ne suis pas fier, et j’ai vécu quelques années dans un environnement vraiment moche, rempli d’ivrognes et de toxicos. À 18 ans, j’ai évité de peu la prison, ce qui m’a foutu une trouille bleue et m’a dissuadé de recommencer. On ne peut pas oublier ces heures de garde à vue avec cinquante mecs qui se battent pour des sandwichs. » Une expérience qui semble avoir forgé son talent de portraitiste, ses personnages étant suffisamment complexes et humains pour dépasser les habituels archétypes des comics. « J’aime les criminels que j’invente, ajoute Ed Brubaker, car ils sont beaucoup plus romantiques que ceux de la vraie vie. » Sous la noirceur, les sentiments…

Benjamin Roure

Ed Brubaker en 5 séries

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+ Criminal #1 et 2 – Dessin : Sean Phillips. Delcourt, 14,95 € et 13,95 €.
+ Sleeper #1
– Dessin : Sean Phillips. Panini, 13 €.
+ Gotham Central
– Avec Greg Rucka. Dessin : Michael Lark. Panini, 29 €.
+The Authority – Revolution #2
Dessin : Dustin Nguyen. Panini, 13 €.
+ Daredevil – L’Homme sans peur Dessin : Michael Lark. Panini, 12 €, le 23 octobre.

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Images © Panini Comics

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