Hugo, 23 ans, est étudiant en fac de cinéma à Paris. Sa mission de l’été : rédiger un mémoire sur Emir Kusturica, réalisateur des films Arizona Dream ou Underground. Pour ce faire, le jeune homme s’isole dans la maison familiale à Saint-Jean-Cap-Ferrat, avec la ferme ambition de creuser le côté « conteur » traditionnel du cinéaste. Mais voilà que l’inspiration vient à lui manquer, sérieusement. Hugo végète, s’autofustige, va à la plage. Mais n’avance guère. Toutes ses tentatives d’écrire sur l’univers « très riche, très visuel, très caractéristique, à la croisée entre Fellini et Chagall » de l’artiste échouent.

Une trouée s’offre à lui un beau jour, à la plage. Alors qu’il trempe ses pieds dans l’eau, l’étudiant entend un homme costaud, juste à côté de lui, bailler bruyamment. Une force de la nature, un corps massif, des cheveux longs. Il s’agit de Kusturica, tout simplement. Le réalisateur s’entiche du jeune homme, s’installe avec lui dans sa maison de famille, joue au foot, disserte de tout et de rien, de sa carrière, de ses films, du cinéma en général. De quoi débloquer le mémoire en panne ? Pas si sûr…

Avec une grande malice et pas mal de finesse, Léandre et Bérenger Thouin déroulent un parcours initiatique atypique. Le héros de Kusturica et moi, à la neutralité conséquente, est un parfait contrepoint à l’exubérant Emir. On suit la construction de leur amitié, contée avec humour et érudition, avec intérêt. Le dessin, plutôt spartiate, nimbé d’aplats de couleur (une par chapitre), rappelle celui de Fabcaro et offre peu d’aspérités. Mais il ne nuit pas à la fluidité de l’ensemble. Qui se dévore avec plaisir et curiosité.