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Des beaux livres pour après Noël

28 décembre 2016 |

Le Père Noël, ce sympathique bonhomme, vous a laissé un chèque au pied du sapin ? Ou des bons cadeaux à dépenser chez votre libraire ? Et comme par hasard, vous avez déjà reçu ou acheté tous les beaux livres de notre sélection Noël ? Pas de panique : voici un peu de rab de lecture. Stimulante et captivante.

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L’enquête : sur l’art de Marc-Antoine Mathieu

« Un inventeur d’univers », « un conteur », c’est ainsi que  Pascal Krajewski, docteur en sciences de l’art et collaborateur de la revue en ligne neuvièmeart 2.0, décrit Marc-Antoine Mathieu, l’auteur génial de 3 secondes, Julius Corentin Acquefacques et le récent Otto. Expérimentale, réflexive, philosophique, l’œuvre de l’auteur angevin est analysée, décortiquée au prisme de ses albums et de ses personnages. Avec Acquefacques, Mathieu explore et exploite le medium sous toutes ses coutures pour inventer des petits mondes à même d’interroger la place de l’homme dans l’univers, son rôle et ses buts. Une œuvre dans laquelle, d’ailleurs, « on flotte plus qu’on y chemine ». Au fil de neuf chapitres aux titres évocateurs (Éloge de la complication, L’horloge et le tachymètre, Phénoménologie de l’absurde…), l’enquêteur révèle l’architecture et les ressorts d’une œuvre fascinante, bercés par une cohérence toute rationnelle mâtinée de mystère. C’est fin et passionnant, avec toujours une pincée d’ironie dans le ton du sujet. Seul bémol, le petit format qui bride un peu l’iconographie. Pas grave car, normalement, le futur acheteur aura déjà tous les albums à la maison. Une superbe initiative, trop rare dans le monde de la BD.

PLG éditions, coll. Mémoire vive, 192 pages, 15 €.

couverture_c_rochette_-_legrand_-_cornelius_2016Le Tribut

Magnifique travail patrimonial réalisé par les éditions Cornélius avec, pour la première fois, l’intégrale du Tribut. Une bande dessinée publiée par Casterman, dans sa collection (À Suivre…), en 1995, et qui n’avait jamais connu de suite. Elle narre les aventures d’un groupe de soldats-scientifiques partis en quête d’une nouvelle source d’énergie. Pour enjeu, la survie de l’espèce humaine. Pour décor, une guerre inter-galactique. Une sorte de mélange entre Star Wars et Avatar car, face à des écosystèmes hostiles, Juan Gaviero et Gilda Weaver devront élucider les mystères insondables d’un univers en proie à une déliquescence d’une troublante beauté. Visionnaire et expressionniste, cette fable SF écologiste signée Jean-Marc Rochette (Edmond le cochon, Himalaya Vaudou, Le Transperceneige) et Benjamin Legrand, s’enrichit d’un épilogue réalisé spécialement pour l’occasion, comme un ultime hommage à cette œuvre classique de la science-fiction française, culte pour beaucoup. Dès lors, fort logiquement, cette intégrale se retrouve en compétition à Angoulême 2017 dans la catégorie Patrimoine.

Cornélius, coll. Solange, 152 pages, 29,50 €.

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Marcel Duchamp, pour beaucoup, est l’homme d’une œuvre : « Fontaine » signé R. Mutt. Une vulgaire pissotière élevée au rang d’œuvre d’art. N’y voir qu’une imposture serait évidemment réducteur. L’auteur Benoît Preteseille voit plus loin (Mardi Gras, Maudit Victor, L’Art et le  Sang) et, fasciné par l’artiste et son parcours, il choisit d’évoquer ses pensées, son cheminement et ses interrogations montrant un homme complexe pour qui l’art, c’est avant tout faire, et les mots, une matière inépuisable pour créer. Toujours en recherche (1200 sacs de charbon dans une exposition surréaliste, faux chèque, publicité détournée), il a inventé le ready-made, nourri bon nombre de controverses et su s’exporter là où ses œuvres semblaient comprises. La biographie, très documentée, intéresse de bout en bout et donne à voir un artiste dont on ignore tout ou presque. Renégat ou imposteur pour certains, génial inventeur et visionnaire pour d’autres, c’est ce deuxième parti-pris que choisit Preteseille, sans complaisance ou naïveté béate pour autant. Stimulant.

Atrabile, 144 pages, 19 €.

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Décris-Ravage

Avant d’être une BD, le nouveau projet de Baladi et Adeline Rosenstein, intitulé Premier épisode, décrire l’Égypte, ravager Palestine est une pièce de théâtre documentaire. L’enjeu, remonter aux origines de l’histoire conflictuelle de cette région du Proche-Orient « pour lire autrement la création d’Israël et le conflit israélo-palestinien ». Sept ans de travail pour reconstituer deux cents ans d’histoire à travers récits de scientifiques, images d’archives, œuvres d’art et expériences personnelles. Un matériau très riche, aujourd’hui transposé en BD. Mais avec un obstacle, la volonté de ne rien montrer dans la pièce, en misant avant tout sur l’imagination du lecteur. C’est là que Baladi, prolongeant et complétant le travail d’Adeline Rosenstein, doit inventer un langage en creux, celui de l’absence, de l’esquisse, de l’allusion, avec les moyens de la BD, « comme dans un rêve à l’envers (…), les questions les plus cristallisées sont redéployées et diffractées en mille perspectives ». Donner à voir l’invisible passe chez Baladi par l’utilisation du noir et blanc, l’association de motifs abstraits ou de cases évidées collées de phylactères, un système de notation spécifique… Histoire de déplacer le sens et d’ouvrir, par un langage nouveau, à de nouvelles voies de compréhension. Captivant.

Atrabile, 72 pages, 15 €.

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