Par Brüno. Glénat/Treize Étrange, 17,25 €, juin 2012.

Amoureux de films de genre, de séries B à Z, de savants fous et de jolies créatures qui ne se laissent pas faire, ce nouvel album de Brüno est fait pour vous. L’auteur de Nemo et dessinateur de Commando colonial, entre autres, offre avec Lorna bien plus qu’un simple hommage à son petit Panthéon personnel du 7e art : un véritable chant d’amour au cinéma bis.

Car l’auteur ne se contente pas de reproduire les ambiances et les bonnes idées piochées dans les films d’horreur italiens ou les productions Corman ou de blaxploitation. Non, à la manière d’un Quentin Tarantino, il avale, digère et propose une version plus moderne de ses moments préférés. Et il ne se prive de rien ! Le casting est ainsi pléthorique : un savant fou qui travaille coup sur coup sur un agrandisseur pénien puis un monstre soldat; un robot extraterrestre à l’allure de femme nue de 50 pieds; un immigrant russe atteint d’une sorte de syndrome de Gilles de la Tourette; une pornstar magnétique; un soldat mexicain complètement dingue; un hippie antisémite, etc. Et le plus fort est que tout ce petit monde participe d’une histoire somme toute cohérente et addictive.

Ainsi, après un prologue – tout en dialogues et en atmosphère – proprement bluffant, Brüno enchaîne les séquences délirantes avec une sobriété et un sérieux sans faille, car un bon hommage n’a que faire de l’humour potache. Et sa ligne claire, aux belles ombres judicieusement éclairées d’une bichromie orangée, offre toute sa puissance taiseuse à des personnages grandioses et décadents. C’est drôle, c’est juste, c’est plein de surprises et parfaitement orchestré. C’est un pur moment de bonheur.

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