Shiori est une lycéenne qui vient de fuguer et qui erre dans Tokyo. Yamada est un policier qui la rencontre par hasard et qui va la prendre sous son aile. Ces deux êtres malmenés par la vie, l’une fuyant une mère violente et l’autre subissant inexorablement la perte de sa propre fille, vont tenter de se sortir du cercle vicieux de la solitude, du mal-être et de la violence quotidienne que leur assène la vie.

À la lecture de Tokyo Alien Bros. et de Holiday Junction, on le sentait, Keigo Shinzô était à deux doigts d’aller plus loin et de marquer de sa plume la nouvelle vague manga. On ne pensait par contre pas forcément qu’il allait y arriver si vite et si fort. Avec Mauvaise herbe, c’est non seulement son dessin qui évolue, s’affirme et prend plus corps que jamais, mais aussi son ton qui se mature, sa portée sociale qui prend de l’ampleur et son ton qui s’obscurcit.

Manga résolument adulte et à mille lieues du ton humoristique ou léger auquel le mangaka nous avait habitués, Mauvaise herbe est une lecture intense et éprouvante. Un drame social choc et poignant. Maltraitance, prostitution de mineurs, souffrance adolescente s’imbriquent dans un maelstrom de sentiments et de brutalité bouleversant.

Terminé en 4 tomes au Japon, on sait que le parcours chaotique de ces deux individus arrivera bientôt à sa fin… mais on ne sait pas du tout comment ces deux-là s’en sortiront. Arriveront-ils à trouver quiétude et joie de vivre ou s’enfonceront-ils dans leur malheur ? Quoi qu’il en soit, on les suivra, la boule au ventre et l’espoir en ligne de mire.

© 2018 KEIGO SHINZO / KODANSHA LTD.,TOKYO. / Traduction : Aurélien Estager