Sur un air de fado



Août 1968, le vieux dictateur portugais Salazar fait une mauvaise chute. Et son régime autoritaire avec ? Pas sûr. Car la répression est toujours vive et violente, les opposants surveillés de près et torturés pour livrer leurs complices. Les artistes et intellectuels fuient le pays des mélodies langoureuses du fado. Fernando observe la situation depuis son cabinet médical, avec distance et résignation, semble-t-il. Car son frère est un policier fidèle au régime et parce que son engagement lui a déjà coûté une histoire d’amour…
Pour la première fois, Nicolas Barral est seul aux commandes d’un album. Et le cap est brillamment franchi. Le dessinateur de Dieu n’a pas réponse à tout et des parodies Baker Street et Les Aventures de Philip et Francis, qui s’est fait scénariste pour TaDuc et Mon pépé est un fantôme, et repreneur des Nestor Burma d’après Léo Malet et Tardi, s’est plongé dans l’histoire récente du Portugal pour livrer une longue bande dessinée au graphisme solaire. À travers l’itinéraire de Fernando, présenté sous forme de flashbacks, il questionne le sens de l’engagement : est-on forcément complice si on n’est pas résistant? devient-on un collaborateur si on cesse de militer? doit-on souhaiter la mort de son propre frère qui serait passé du mauvais côté? la cause est-elle plus importante que les sentiments? Ces grandes interrogations sont abordées avec finesse, au fil d’une intrigue sobre et solide, qui s’appuie autant sur des personnages forts, crédibles et attachants, que sur des décors envoûtants. D’un classicisme classieux, le trait épais et fluide de l’auteur, bien soutenu par une mise en couleurs soignée autour d’une palette subtile, facilite l’immersion dans cette histoire violente et touchante, qui n’élude rien mais ne se complaît pas dans la noirceur. Une réussite.
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