Par Fred Bernard. Delcourt, 17,50 €, le 31 août 2011.

Ursula est née en Pologne, a connu une enfance compliquée, entre parents violents, orphelinat austère, et enfin adoption par des viticulteurs bourguignons dont le fils venait de mourir. Pourtant, la jeune adulte Ursula déborde de vie et d’envie. Elle est jolie et le sait, aime son corps et sait le faire désirer. Serveuse-strip-teaseuse dans des bars de nuits, copine de dealer et escort à ses heures perdues, elle brûle sa vie à grande vitesse, flirtant avec ses limites, dans un débordement de sexe, de drogues, d’alcool, et de coups. Jusqu’à envisager le pire.

Fred Bernard conclut sa « trilogie du jeu des filles musicales d’aujourd’hui » de la plus belle des manières. Après Lily Love Peacock et Cléo, qui mettaient en scènes des jeunes femmes indécises et charmantes, mais plutôt propres sur elles, il conte ici l’histoire vraie d’un ange débordant d’amour mais qui s’est cramé les ailes. Car à s’affranchir des cadres pour vivre dans un hédonisme factice et un brin forcé, on risque de tomber de très haut, et c’est ce qui est arrivé à Ursula, qui a tenté de mettre fin à ses jours. Mais en auteur intelligent et amoureux des femmes, Fred Bernard développe une mise en scène aérienne et poétique, sensuelle et drôle, qui, sans dénaturer la dureté du sujet, lui offre un écrin douillet. On retrouve son attrait des animaux en guise de substituts rigolos aux humains, son goût pour la nature et la musique, et on le retrouve même lui, sous les traits d’un fou globe-trotter et gentiment alcoolique. Car c’est ce qui marque avec Ursula : Fred Bernard se met en danger, ne se contente pas de reproduire ses succès passés, s’essaie à la couleur directe et lâchée, se confronte à une personnalité borderline et parvient à lui donner corps sans tomber dans la caricature. Et face à tout cela, on ne peut qu’applaudir, ému, souriant et impressionné.

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