Chez les yakuza, mafieux japonais, tout est question d’honneur, de hiérarchie et de tradition. Mais le jeune Saburo compte bien s’affranchir des codes pour faire tomber son employeur, Kodama, et son clan, et ainsi prendre le pouvoir. C’est sans compter sur le retors Kodama, qui va faire sortir de prison un yakuza déchu pour éliminer Saburo, un vieux sabreur aveugle coincé en cellule depuis 30 ans…

Projet remontant à 2001, Clan voit enfin le jour au Lombard, et c’est tant mieux. Car ce polar hyper référencé au cinéma japonais – entre Zatoichi, La Femme scorpion et les films de Kinji Fukasaku – ravira les amateurs du genre. Tragédie familiale digne de la mythologie grecque, polar ultra violent, plongée fascinante dans l’univers d’une pègre japonaise en pleine mutation, Clan rassemble autour d’une intrigue simple et relativement prévisible les ingrédients d’une bande dessinée efficace. On oubliera les quelques incohérences inhérentes à ce type de récit, pour se concentrer sur cette chasse à l’homme sanglante à la mise en scène maîtrisée, soutenue par un texte ciselé et un graphisme étudié : découpage rythmé, cadrages audacieux, dessin puissant, Amazing Ameziane (Legal) ne se ménage pas pour insuffler vie (et mort) à ses pages. Et quand il révèle dans les annexes en fin d’ouvrage, que ce Clan-là n’est qu’une des pierres à un édifice plus grand et vertigineux, fait d’histoires se déroulant dans le passé et dans le futur, on croise les doigts pour qu’il puisse mener à bien ce grand projet.