Forbans !
Tenter de pitcher cet imposant volume, aux personnages aussi nombreux qu’exubérants, à l’intrigue aussi emberlificotée qu’absurde, est déjà un petit défi. Mais rien comparé à celui qu’ont relevé Olivier Philipponneau et Renaud Farace en menant au bout cette course au trésor pétaradante. Les auteurs de Détective Rollmops ont ainsi imaginé et composé ce long feuilleton de piraterie sur plusieurs années, en faisant éclore des embryons dans la revue Turkey Comix ou une version fanzine distribuée en salons. Mais là, ça y est : l’objet de la quête existe, et il étincelle de mille feux et Pantone éclatants.
Voici donc Barbe-en-tas, l’irascible et autoritaire capitaine pirate, qui veut que son fils Éric lui succède, plutôt que de se marier avec une fille de la haute, la coriace Éléonore. À partir de ce triangle pas trop amoureux, commence une aventure aux mille rebondissements, portée par des protagonistes, des créatures et des décors répondant pour la plupart à la contrainte de l’album : les jeux sur les mots et surtout les mots-valises. En effet, on croisera ici nombre d’origamygales, de goélance-flammes, de vipercussions et même un anacondaltonien ! De quoi donner du fil à tordre et à retorde à la bande de pirates dézingués de Barbe-en-tas, à leurs ennemis irlandais ou aux populations autochtones d’une île mystérieuse. Et aux lecteurs, aussi, un peu, à la longue : si le principe est tordant et très excitant dans les premiers chapitres – construits comme des mini-aventures thématiques, autour d’un danger bien particulier, en lien parfois avec la couleur unique utilisée –, qui sont d’ailleurs tout à fait accessibles aux plus jeunes, il devient un peu lassant et éreintant dans le dernier tiers, à mesure que l’intrigue piétine dans la jungle de la fameuse île. Mais si on picore le volume plutôt que de se l’avaler d’une traite comme un tonnelet de rhum, on se délectera de son humour tonitruant, de son design de personnages aussi minimaliste que malin, de son usage des couleurs percutant et de son inventivité permanente.






Publiez un commentaire