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Sélection Comics – Descender

29 février 2016 |

descender_couvLa Sélection Comics vous propose un focus sur un titre anglo-saxon qui vous sortira de la routine super-héroïque. Zoom sur Descender, nouveau bijou de science-fiction écrit par Jeff Lemire et superbement peint à l’encre et aquarelle par Dustin Nguyen.

Jeff Lemire et Dustin Nguyen disent s’être inspirés pour Descender, leur nouvelle série chez Image, de la science-fiction qu’ils lisaient et regardaient à la télé dans leur enfance. Tous deux nés en 1976, ils appartiennent à la première génération d’Américains autant nourrie de comics et de Star Wars que d’animes. On retrouve dans le monde qu’ils ont bâti ensemble cette double influence américaine et japonaise.

Leur héros droïde de compagnie, conçu pour ressembler et penser comme un petit garçon, se situe quelque part entre Astro Boy et David, le « méca » du film AI de Spielberg. Nommé TIM-21, il se retrouve objet de toutes les convoitises : la gamme de robots à laquelle il appartient, aujourd’hui obsolète, porte en elle la clé pour contrecarrer une invasion de monstres géants qui menace l’humanité, les Moissonneurs.

Mais il y a plus : TIM-21 pourrait bien être, de surcroît, une sorte de robot-prophète. Car si Philip K. Dick se demandait à quoi pouvaient bien rêver les moutons électriques, Lemire et Nguyen répondent que les minots électroniques songent, eux, dans leur sommeil, à la révolution.

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Les références, assumées ou plus inconscientes (voir notre entretien avec les auteurs, la semaine prochaine), qui jalonnent le premier volume pourraient facilement écraser le projet. Patchwork d’idées pas vraiment inédites quoique toutes excellentes (les « botgroms » menés par les anti-robots), Descender n’a rien à voir par exemple avec Trillium, du même Lemire. Ce formidable space opera rivalisait d’inventions à chaque page avec sa double narration obligeant parfois à littéralement retourner l’ouvrage. Moins révolutionnaire, malgré le recours à de nombreux flashbacks et à ses séquences oniriques, Descender ressemble à côté à un feuilleton linéaire.

descender1Oui, mais même dans le cadre imposé d’une publication épisodique plus traditionnelle, Jeff Lemire reste un redoutable conteur. Un des plus doués de cette génération actuelle d’auteurs de comics capables de naviguer en toute aisance entre projets indé et franchises de superhéros Marvel ou DC.

On retrouve ici par exemple une des figures récurrentes de son œuvre : le garçonnet innocent, naïf et de fait manipulé par les adultes, mais irrémédiablement porteur d’espoir. Comme dans le très personnel Essex County ou dans la saga post-apocalyptique Sweet Tooth. Ces gamins, Lemire sait parfaitement quelles aventures leur faire vivre pour rendre le récit initiatique aussi émouvant qu’haletant. TIM-21 soutient largement la comparaison avec ses prédécesseurs : il fait un guide idéal dans cet univers ultra-dépaysant et on n’hésite pas une seconde à lui emboîter le pas.

D’autant plus quand c’est Dustin Nguyen, dessinateur tout aussi aimant et attentionné que son camarade d’écriture, qui lui donne corps sur la page. Car si Lemire n’a rien à prouver non plus côté dessin, il a cédé ce rôle-là sur Descender à un artiste à la patte facilement reconnaissable. Nguyen, c’est un graphisme affirmé largement mis au service de DC ces dernières années, mais c’est surtout une technique qu’il maîtrise à la perfection. Ou plus exactement une double technique, au dessin et à la couleur : le lavis d’encre et la peinture à l’eau.

descender_villeLes lecteurs français ont pu admirer le sublime résultat récemment dans Little Gotham (aussi chez Urban) : dans ces historiettes hors-série, Nguyen insuffle une dynamique jamais vue dans l’univers ultra-balisé du Chevalier Noir, chatoyante sans être kitsch. Appliquée à la SF de Descender, c’est le même enchantement. Chirurgical quand il s’agit d’introduire un personnage ou planter le décor, l’artiste parvient à chaque individu rencontré et à chaque planète visitée à fournir une myriade d’informations parfois en une seule case. Et son pinceau sait se faire plus souple et sauvage dans les scènes d’action, ébouriffantes.

Il est encore tôt dans l’année, mais Descender est déjà assuré de faire la course pour le titre de meilleure nouvelle série de 2016 dans le peloton de tête.

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Descender #1.
Par Dustin Nguyen et Jeff Lemire.
Urban Comics, 10 €, janvier 2016.

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