Une petite chienne est accueillie dans un nouveau foyer, plein de ses congénères, qui se font un plaisir de lui expliquer les règles de la maisonnée, l’heure des repas, le temps de la promenade, les pièces interdites, les canapés préférés… Mais, elle a l’impression que quelque chose cloche : avant, elle avait une maîtresse, gentille, aimante… Et quelqu’un l’a tuée ! Et ce quelqu’un, ne serait-ce pas son nouveau maître ? Et qu’en est-il pour les autre chiens qui habitent là : ont-ils aussi été volé à leur propriétaire ?

Choisir des animaux de compagnie pour héros d’une fiction de genre, pourquoi pas. Les excellentes Bêtes de somme l’ont plusieurs fois réussi. Ici, toutefois, ça ne prend jamais vraiment. D’abord car les personnages canins sont fort mal campés, bien trop caricaturaux : le chien de chasse fidèle, le berger courageux, le coquet, le paresseux, le gourmand… Ensuite, car on ne croit pas une seconde à ce méchant kidnappeur et tortionnaire de cabots, et que le parallèle entretenu par les auteurs avec des histoires de serial killers d’humains voire d’enfants est finalement assez gênant. Enfin, le ressort principal de l’intrigue manque de profondeur : les chiens ont une mémoire parcellaire, voire aucune mémoire immédiate, et ils vivent dès lors dans un bonheur factice sans mémoire de leur traumatisme. C’est amusant sur quelques pages, mais ça ne suffit pas à susciter l’intérêt au-delà, voire énerve pas mal quand un énième animal oublie ce qui vient de se passer l’instant précédent… Reste un dessin à tendance disneyenne, efficace et enlevé, et quelques clins d’oeil pop culture, mais c’est bien loin de suffire à faire une bonne BD.