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Boulet et Aseyn vous promènent dans l’espace

22 mars 2019 |

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Aseyn à gauche, Boulet à droite. Photo © Chloé Vollmer-Lo

Ce fut une des bonnes surprises de l’année 2018 : le premier tome Bolchoi Arena, écrit par Boulet et dessiné par Aseyn, propose une saga de SF drôle, intelligente et fascinante, dans laquelle deux jeunes femmes naviguent et travaillent dans le cosmos, à travers un monde virtuel. Liens entre réalité et fiction, exploration spatiale, aventure vintage… L’univers entrevu ici est riche et ouvre de nombreuses possibilités. C’est toute l’idée des auteurs, qui comptent bien construire avec Bolchoi Arena une vaste saga, peut-être même au-delà des trois tomes prévus… Nous avons rencontre Boulet et Aseyn, lors du dernier Festival d’Angoulême, où leur album était en sélection officielle, pour en savoir un peu plus.

Comment est née l’idée de Bolchoi Arena?

Boulet : Souvent, je fais des ébauches de scénario à partir de flash d’histoires que j’ai en tête, et elles finissent dans un tiroir. Ce sont vraiment des obsessions mentales que je me répète un million de fois, jusqu’à ce que je visualise des scènes. Et j’essaie ensuite de construire quelque chose à partir de là. Bolchoi Arena est né ainsi. J’ai donc commencé le projet seul. J’avais une soixantaine de pages storyboardées au moment où j’en ai parlé à Aseyn.

Aseyn : Ce qui m’a plu dans le scénario de Boulet, c’est que c’était très différent de Nungesser, que je venais d’achever. J’y ai vu un pur plaisir de dessinateur : dessiner des vaisseaux spatiaux et des filles, en couleurs, je ne l’avais jamais fait!

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On pourrait penser que dessiner tous ces détails de tuyaux, de câbles, d’écrans, dans les vaisseaux, pourrait être un peu rébarbatif…

Aseyn : La bonne nouvelle, c’est que j’ai bien avancé dans le tome 2 et que je prends toujours autant de plaisir ! Je peux passer jusqu’à trois jours sur une planche, car si l’oeil accroche sur une image, c’est qu’il y a un problème. Alors je recommence. Je suis peut-être un peu masochiste, et assez maniaque, mais pour le moment, ce n’est que du plaisir.

Quelle était l’obsession de base? Se pencher sur la question de la réalité virtuelle ?

Boulet : Non, pas vraiment. Mon interrogation était : comment mener une exploration spatiale sans les contraintes évidentes de cette exploration, comme la durée des voyages ? Comment visiter d’autres univers sans les dangers des radiations? Quand on est passionné d’astronomie et qu’on se rend bien compte qu’on n’ira jamais dans l’espace et qu’il est probable qu’on ne verra pas de son vivant un humain poser le pied sur Mars, c’est un rêve qu’on enterre… Et c’est assez désolant. Alors, une des seules solutions pour vivre l’aventure spatiale serait d’imaginer une technologie de réalité virtuelle qui permettrait une telle immersion : une exploration spatiale placebo, y aller sans y aller !

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Vous avez donc imaginé le Bolchoi…

bolchoi-lunettesBoulet : Le Bolchoi, ce n’est finalement pas un énorme truc de science-fiction, quand on y pense. Les mondes virtuels, ça existe déjà, les plateformes multijoueurs et l’argent virtuel aussi… Le seul « vrai » élément de SF que j’introduis dans l’univers « réel », ce sont ces lunettes pour s’immerger.

Et se perdre…

Boulet : Dans mon histoire, le Bolchoi ne remplace pas le monde réel, il le complète. C’est juste un autre endroit, un monde ouvert où on peut faire ce qu’on veut, dans la limite de certaines règles – l’univers du Bolchoi est une réplique de l’univers réel, sauf la Terre qui y est une bulle de jeu. Le Bolchoi n’est pas une fiction, il est indissociable du monde réel. C’est aussi une création très économique: un monde aussi aussi dur et froid que le nôtre. Le tome 2 abordera plus concrètement son fonctionnement.

D’où vient ce nom ?

Boulet : Je cherchais un nom qui claque, qui soit aussi fort que « Internet » ! J’avais lu que la Nasa, en 2008-2010, avait créé une simulation de l’univers grâce à son supercalculateur Pleiade. Et que cette simulation avait été baptisée Bolchoi, qui signifie « grand » en russe. J’y ai accolé « Arena » ensuite, pour une raison économique que je n’ai pas encore explicitée dans la série.

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Comment avez-vous défini l’esthétique de la série ? On y perçoit des références à la SF des années 80-90…

Aseyn : L’esthétique est donc venue comme ça, toute seule, car c’est comme ça que je dessine tout simplement ! Je dois avouer que je ne suis pas un gros fan de science-fiction ni même d’astronomie. Je suis juste fan de… dessin ! Ce qui m’amuse, c’est de dessiner des choses que je n’avais jamais dessinées avant, dans des angles inédits. Dans Bolchoi Arena, je m’amuse beaucoup avec les trames, je les superpose. Je vais en mettre encore plus dans le tome 2!

Et pour la couleur, qui est très discrète ?

Aseyn : Je ne suis pas un grand coloriste, alors j’ai décider de limiter les risques avec des tons doux et clairs, qui me correspondent bien. Et je dois confesser un emprunt direct : pour bien différencier l’incarnation des deux héroïnes dans le Bolchoi, qui se ressemblent un peu, j’ai choisi un code couleur de coiffure – rose pour l’une, bleu pour l’autre – comme dans le dessin animé Dan et Danny (Dirty Pair en VO), dans lequel les deux filles étaient quasi identiques, sauf leurs cheveux.

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Combien la série comptera-t-elle de volumes ?

Boulet : Nous avons signé pour trois, mais nous aimerions que la série s’étende au-delà. Le vrai héros, c’est le Bolchoi, qui est infiniment plus grand que ce qu’on entrevoit dans le tome 1. Il y aurait énormément de possibilités… On verra !

Propos recueillis par Benjamin Roure

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Bolchoi Arena #1 – Caelum Incognito.
Par Aseyn et Boulet.
Delcourt, 23,95 €, septembre 2018.

Images © Éditions Delcourt 2018 – Boulet, Aseyn
Photo © Chloé Vollmer-Lo

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