En délicatesse avec son corps et son âme, Batman, le Dark Knight, vient de prendre sous son aile une jeune pousse pleine de promesse. Son nom, Jason Todd alias Robin. Sa dernière prise, le Joker en personne. Oui mais voilà, les médias s’interrogent : faut-il être inconscient à ce point pour confier la gestion du crime à un gamin ? La justice n’est pas qu’une affaire de conviction. Il faut lui adjoindre l’expérience et le sang-froid, deux qualités qui font encore défaut à l’ado justicier…

Frank Miller (Batman Année Un, Sin City) et le scénariste Brian Azzarello (100 Bullets) ont imaginé le prélude du Dark Knight Returns, avec l’envie d’explorer l’horizon crépusculaire d’un Batman sur le retour. En contrepoint, un justicier jeune et ardent, le fameux Robin, décidé à mettre le Chevalier Noir à la retraite. Et quel meilleur test que d’affronter la pire vermine de Gotham, le Joker, Ivy ou Croc ? Sur ce canevas, les scénaristes interrogent l’héritage de Batman et donc son avenir. Usé mais pas encore totalement out, c’est encore en maître d’armes que Batman résiste, lucide sur son épigone : le talentueux mais imprudent et têtu Robin doit faire ses classes. Apprendre la patience pour mieux dompter le crime.

Une portée réflexive mais aussi de l’action et un découpage maîtrisé rendent la lecture plaisante, et même profonde par moment. Les dessins de John Romita Jr., aériens et inspirés, portent eux une narration vive. Un seul vrai reproche, mais il est de taille, la brièveté du récit. Car tout fonctionne et la fin, réussie mais brutale, laisse clairement sur sa faim. On ne boude toutefois pas notre plaisir et tout fan du Dark Knight appréciera.