Berlin, 1961. Le Mur entre l’Est et l’Ouest coupe le monde en deux, mais il est finalement plein de trous. En effet, nombreux sont les petits malins à passer d’un côté à l’autre, surtout pour faire des affaires. Ou pour espionner. Sauf qu’à l’Ouest, un petit groupe prépare une évasion spectaculaire pour mieux écorner l’image du bloc communiste. Mais il semblerait qu’au sein de cette cellule pourtant discrète, il y ait une taupe qui renseigne la Stasi, la terrible police politique est-allemande. Qui de Julius le passeur, Conrad le contrebandier, Hanna la transformiste ou Ludwig le joli coeur a trahi les siens ?

Dans ce one-shot sans temps mort, Kid Toussaint évoque une des époques les plus terribles et étranges du XXe siècle : la division d’une capitale européenne en deux, incarnation d’un monde bipolaire dont les idéologies politiques n’avaient que faire des drames individuels des populations, d’un côté comme de l’autre. Pour ce faire, le prolifique scénariste (Totem, Elles, Love Love Love, 40 éléphants, Magic 7, Holly Ann…) use du schéma du film de casse, façon Ocean’s Eleven, avec force flashbacks, changements de points de vue, etc. Un procédé qui fonctionne globalement même si les effets semblent un peu forcés, et que le format relativement court ne permet pas de faire monter la tension très haut. De même, les personnages sont sommairement brossés, alors que certains auraient peut-être mérité un album rien qu’à eux… On reste donc au stade du divertissement dans un décor historique, très léger malgré une violence toujours présente, et bien servi par le dessin semi-réaliste énergique de Tristan Josse (Ennemis). Sympathique mais dispensable.