Mathilda débarque dans le manoir de Lockwood. Elle est une jeune femme craintive et aspirant au grand amour. Mais dans cette sinistre demeure elle va devoir s’occuper d’une sale gamine, tenter de repousser les assauts concupiscents du tonton moustachu William, et essayer d’attirer l’attention du séduisant maître des lieux Edward… Et il ne manquait plus qu’un fantôme ! Ou plutôt l’apparition rose bonbon d’une vieille folle, qui se dit être l’auteure de la vie de Mathilda…

Voilà un curieux album, inspiré par les livres et la figure de Barbara Cartland, qui fait ici de tordantes apparitions sous nom de Carlota Bartland, intervenant au sein même de sa création pour pimenter un peu l’action. De la romance à gogo, des secrets de famille à foison, des coups fourrés et une once de sexe sous les draps, tous les ingrédients qui ont fait le succès faramineux de la dame en rose – Cartland a produit en quantité industrielle des romans à l’eau de rose, qui se sont vendus à des centaines de millions d’exemplaires – sont réunis ici et secoués un grand coup au shaker de Véronique Grisseaux (Lucie, Léo et Léa, Je suis top!…). C’est bavard, surprenant, délicieusement idiot, mais ce n’est pas toujours très agréable à suivre.

Car tout bouge trop, crie trop, s’interrompt souvent (et en plus, c’est écrit tout petit). Et Eva Rollin (Mademoiselle, Les Citadines…), au trait plutôt avenant, en rajoute, avec une ligne tremblant à outrance et une débauche de traits de mouvements et de petits « nuages » figurant l’étonnement ou l’essoufflement… Cette fausse parodie de Cartland est donc tout à tour amusante et épuisante, et on referme le livre avec l’impression que quelqu’un nous est passé dans le cerveau juste pour secouer les neurones sans rien y apporter d’essentiel. Pas top.


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