Alors que la cinquantaine et la ménopause commencent à faire coucou de manière ostensible, la sérieuse et honnête Caroline se fait licencier. Comme ça, sans ménagement pour la salariée trop discrète qu’elle était. Un sacré coup pour elle et sa grande ado de fille. Mais elle se relève, reprend son nom originel de Marcie et décide de tenter sa chance comme… détective privée ! Après de jolis succès pour pister des chiens volés, elle se retrouve sur une affaire potentiellement sordide : une jeune femme défenestrée sous ses yeux. Suicide ? Accident ? Féminicide ? Marcie va mener l’enquête.

Comme elle l’indique en postface, Cati Baur (Le Club des inadapté.e.s, Vent mauvais, Quatre soeurs…) voulait écrire sur l’âge qu’on dit « moyen », cette zone entre la force de l’âge et la bascule vers le monde des seniors. Cet âge de la ménopause et de ses tracas, mais aussi celui d’une nouvelle envie de liberté d’action, une fois les enfants devenus autonomes ou presque. Son héroïne, avec ses rondeurs et ses bouffées de chaleur, mais aussi son empathie et sa joie de vivre, incarne parfaitement cette idée, et le fait de la placer en tant que détective, c’est-à-dire en observatrice aiguisée de son environnement, lui donne une position idéale pour se réinventer. Au fil de cet album plein de charme et de rebondissements, c’est finalement moins la résolution de l’intrigue que les circonvolutions et le chemin personnel pour y parvenir qui comptent. Avec ses bons mots, son coup de crayon vif et sa mise en couleurs douce et sans chichis, Cati Baur développe un tome (on en espère d’autres!) qui fait du bien sans être artificiellement feel good comme tant de produits livres trop marketés. Marcie, comme trop de femmes quinqua, ne sera plus jamais invisible, et c’est tant mieux !