C’est un pamphlet drôle et ultra documenté, intelligemment troussé par la Suédoise Liv Stromquist. L’auteure des Sentiments du Prince Charles s’intéresse ici à la façon dont le sexe féminin a été considéré à travers les siècles. Pointant, notamment, que « la stigmatisation des organes sexuels féminins vient d’un intérêt des hommes trop vif pour eux ».

Elle cite les effrayantes théories de John Harvey Kellogg (1852-1943), médecin américain farouchement opposé à l’onanisme féminin — selon lui cause de cancer ou d’épilepsie ; celles du docteur anglais Isaac Baker Brown (1811-1873), qui prônait l’ablation du clitoris pour soigner l’hystérie ou la dépression ; ou encore celles de Saint Augustin qui, dans ses Confessions, opposait le sexe de la femme au divin.

A tout va, elle dézingue ces « zinzins de la zézette, furieux de la foufoune, maboules de la moule », qui ont lentement mais très sûrement forgé une détestable image du sexe féminin. Et décortique finement, sans moralisation trop lourde, les conséquences actuelles de l’amalgame entre vulve et vagin, ou le côté très flou du sexe féminin, même pour les femmes.

Implacable et très articulé, son propos est servi par un noir et blanc sobre, parfois égayé de planches en couleurs. Largement présents, le texte et les schémas n’aident pas toujours à digérer les concepts, mais le ton employé, vif, ironique, enflammé, blagueur, prenant ici ou là le lecteur à parti, permet de bien assimiler la démonstration. Liv Stromquist livre ainsi un ouvrage éclairant, utile aux hommes comme aux femmes.