Par Philippe Marcelé et Rodolphe. Mosquito, 15 €, février 2013.

Philippe Marcelé était un des grands dessinateurs de Charlie Mensuel et des anciennes versions de L’Écho des savanes. Son trait volontiers lyrique a surpris beaucoup de lecteurs sans qu’il atteigne la postérité qu’il mérite. Il n’a cependant jamais arrêté de publier et Markheim, son nouveau livre, vaut le coup que l’on s’y penche. On y trouve en effet le dessin du Marcelé d’aujourd’hui, toujours habile avec la gestion des gris et amoureux des hachures, mais ayant maîtrisé de nouvelles techniques. On sent l’apport de l’ordinateur sur la matière, habillant son dessin anguleux et volontiers expressionniste.

Cet alliage pourrait tomber dans le « trop » et pourtant la synthèse a lieu. On se trouve alors embarqué dans la troublante aventure d’un jeune homme perdu entre le passé et le futur, dans un pays d’Europe de l’Est théâtre d’une guerre sourde. Devenu vieillard il retrace le fil de sa jeunesse pour retrouver ce qui lui a manqué : ses parents, une ville, un amour.

Rodolphe, scénariste prolifique et franchement inégal (La Marque Jacobs, Mojo, Si seulement…), signe ici un très bon récit. Si la conclusion n’est pas d’une originalité folle, l’ambiance et le sentiment de perte du personnage principal sont admirablement rendus et font de Markheim un album curieux, hors du temps, dont la puissance marque inévitablement.

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